L'ATTENTAT DU DEPOT D'AVIGNON EN 1944..

 

L'ATTENTAT DE FEVRIER 1944 AU DEPÔT D'AVIGNON

 

 

 

 

La dernière guerre mondiale a été très meurtrière pour les agents de la S.N.C.F. Beaucoup d'entre eux ont payé de leur vie un engagement dans la résistance. Parmi les fait les plus marquants dans le Vaucluse se trouve l'attentat perpétré par la résistance au dépôt d'Avignon le 19 février 1944...

Revenons plus précisément sur ce terrible épisode...

Après avoir battu les armées Françaises les soldat Allemands envahissent une grande partie du territoire. La France est coupé en plusieurs zone. Le Sud-est est classé en zone libre. Mais, le 1 novembre 1942, les armées Hitlériennes envahissent donc la Zone libre et donc la Provence. Les premiers trains blindés violent la ligne de démarcation. La S.N.C.F. ne peut s'y opposer et se soumet aux ordres de Vichy.

Soudain directement au contact de l'ennemi, de nombreux cheminots, encore indécis, "basculent" dans la lutte. "Ce que vous disiez au début s'est réalisé" affirment ils aux résistants de la première heure... Les premiers groupes F.T.P. se forment. Le 22, soit 11 jours à peine après cette action et l'envahissement de la zone libre, une opération militaire est lancée contre des installations ferroviaires. Elle se veut symbolique. l'occupant doit savoir immédiatement à qui il va avoir à faire... Un groupe de patriotes prend pour cible le poste d'aiguillage du pont de la Pécoulette, prés d'Orange. Les sentinelles Allemandes qui en assurent la garde sont mitraillées, alors que des "bombes" sont posées sur les voies... Le ton est donné. Des tracts sont distribués aux rotondes en décembre dans les placards des ouvriers et des mécanos. Le couvre feu est instauré dés le 24 novembre. Seules certaines catégories de personnes sont autorisées à circuler dés la nuit tombée jusqu'au matin. Les employés des services d'urgence, les médecins, les employés du gaz et autres cheminots requis pour les besoins du service et munis d'un brassard, ont l'autorisation de circuler.

 

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Le 23 septembre 1943

Note d'information
Objet: Etat d'esprit des cheminots.

Les autorités Allemandes ont appréhendé le 17 courant quatre ouvriers a dépôt des machines d'AVIGNON.

Ces arrestations font l'objet de nombreux commentaires dans les milieux cheminots. Ces derniers s'indignent de cette façon de procéder des Troupes d'occupation et soulignent qu'elles ne fait qu'attiser l'hostilité des employés et ouvriers de la S.N.C.F. envers l'Allemagne. Les éléments anti-collaborationnistes par une propagande soutenue de "bouche à oreilles" insistent sur ces circonstances pour inviter les ouvriers à faire preuve de mauvaise volonté dans l'accomplissement de leur travail.

Ainsi le ralentissement constaté depuis quelque temps déjà par de nombreux chefs de service, , va d'après les rumeurs qui circulent se poursuivre en s'amplifiant. D'autre part, les cheminots font surgir du moindre incident de grosses difficultés qui se transforment en général par un retard aux horaires des trains. On remarque surtout cet état d'esprit parmi le personnel chargé de l'entretien, (le mauvais graissage est la cause de nombreuses avaries au matériel roulant).

Document A.D. VAUCLUSE.

 

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Les distributions de tracts sont de plus en plus fréquentes. On en trouve au dépôt d'Avignon le 10 mars 1943. Ils sont intitulés "INTENSIFIEZ LA LUTTE CONTRE LES DEPORTATIONS" et "PIERRE SEMARD". Le 1 mai c'est à Pertuis que sont distribués des feuillets "Cheminots! votre devoir de cheminot vous commande non seulement de faire grève et de lutter pour vos revendications ce premier mai, mais votre devoir vous commande aussi de saboter et de détruire tout le matériel qui sert aux boches dans leurs transports" "Ouvriers et cheminots réclamez 50% d'augmentation des salaires, la liberté syndicale. Faites grève le 1 mai et multipliez les actes de sabotage". Les 21 et 22 ami 1943, des tracts A MORT LES ASSASSINS! sont trouvés au dépôt d'Avignon. Le 14 juillet des feuillets invitant à manifester y sont à nouveau retrouvés. Ils sont également distribués à Lyon, Dijon, Clermont Ferrand.

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EXTRAIT D'UN ARTICLE DU PETIT VAUCLUSIEN DU 3 JUIN 1944

CHEMINOTS,

Au nom de la FRANCE entière, le PARTI POPULAIRE FRANCAIS TIENT A RENDRE HOMMAGE PUBLIQUEMENT A VOTRE COURAGE ET A VOTRE ABNEGATION. Malgré les attaques de toutes sortes et les attentats terroristes, vous avez régulièrement assuré le ravitaillement de la population et les transports essentiels et contribué pour une large part au maintien de l'activité économique de notre pays. Aujourd'hui la FRANCE se trouve plongée dans la guerre. Une formidable bataille va s'engager sur notre sol, mais cette bataille que l'on présente comme une libération, n'est en vérité qu'une tentative d'asservissement de notre pays par le capitalisme international. Payés par lui les émissaires gaullistes s'efforcent de déclencher des grèves insurrectionnelles.

Le PARTI POPULAIRE FRANCAIS est persuadé que LES CHEMINOTS FORTS DE LEUR EXPERIENCE POLITIQUE sauront discerner les vrais motifs de ces excitations et resteront sourds aux appels de la trahison.

DES MOUVEMENTS DE GREVE ENTRAINERAIENT DES MESURES DE REPRESSION AINSI QUE LA FAMINE PAR L'ARRET DE TOUTE ACTIVITE ECONOMIQUE. VOUS NE SERVIREZ PAS DE TROUPES DE CHOC A CEUX QUI VOUS MITRAILLENT sans pitié et préparent les ATTENTATS FERROVIAIRES dont vous étiez souvent les SEULES VICTIMES. Répondez comme il se doit aux meneurs cachés dans l'ombre qui sans risque personnel veulent vous lancer dans des aventures sanglantes qui apporteraient dans vos foyers le deuil et la faim. CHEMINOTS CONTINUEZ A MERITER LE RESPECT ET L'ADMIRATION QUE VOTRE COURAGE ET VOTRE LOYALISME ONT SUSCITE CHEZ TOUS LES FRANCAIS.

 

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Une première action de sabotage de machines du dépôt est organisée en janvier 1943. Plusieurs locomotives sont immobilisées suite à la destruction des têtes de bielles. Une autre action, à la fois spectaculaire et symbolique, se déroule le 7 mars. Pour honorer la mémoire de Pierre Sémard fusillé un an auparavant en Normandie, les groupes Francs organisent une série d'attentats au dépôt des machines d'Avignon. Le matin du 7, les deux ponts tournants du parc Nord et du parc Sud, sont endommagés par une forte explosion. Plus de 30 engins de traction sont ainsi immobilisés. Les occupants sont furieux. Il faut plus de 48 heures pour rétablir le fonctionnement des installations. L'année 1943 se termine par des distributions de tracts, des sabotages, divers sur les machines (limaille de fer dans les têtes de bielles, sabotages d'organes etc.) et une nouvelle attaque du parc Sud du dépôt.

Tracts distribués au dépôt contre le STO. (AD Vaucluse)

Entre janvier, février et mars 1944 des actions plus "musclées" sont réalisées. Les réseaux de résistance sont désormais structurés entraînés et armés. Le 17 janvier, des tracts (CGT et PCF Vaucluse) appelant au sabotages massifs, sont distribués. En janvier, les partisans du dépôt d'Avignon attaquent à la bombe un train de troupe en gare de Graveson. Le pont tournant de la rotonde Nord d'Avignon est à nouveau visé. L'action permet d'immobiliser 30 heures durant, une vingtaine de Pacific. Le pont tournant est tellement endommagé qu'il doit être remplacé durant le temps de sa réparation. Les cheminots F.T.P.F. du dépôt possèdent aussi divers contacts avec les autres groupes de maquisards dont ceux de la Drôme et du Ventoux. Un épicier Avignonnais, M Aimé Chabert, ainsi que son épouse, servent de relais et de boite aux lettres. Début février, l'armée Allemande lance une vaste offensive sur le front Italien. Il faut à tout prix retarder l'acheminement du matériel. Il s'agit pour les résistants du dépôt de faire sauter les machines garées pour freiner l'action Allemande en diminuant ses moyens de déplacement. Jean Garcin (chef des Groupes Francs) plutôt réticent, finit par accepter d'aider les F.T.P.. Il prend contact avec Louis Malarte, responsable départemental du réseau "Jockey", pour obtenir les explosifs nécessaires à l'opération. La livraison a lieu début janvier 1944. Le matériel provient de Montélimar et voyage sous les sièges de... l'autobus Montélimar-Avignon.

L'attentat de février 44...

Dans la nuit du 19 au 20 février, les explosifs déposés sur les machines garées au dépôt des rotondes d'Avignon, explosent à intervalles différents entre 18 H 45 et 4 H du matin. (la première explosion a eu lieu trop tôt... Un détonateur de 10 minutes ayant été glissé par erreur dans le lot de détonateurs de 2 H) Trente deux machines ont été minées, mais "seulement" 17 locomotives de vitesse et 5 pour trains de marchandises sont mises hors service pour une plus ou moins longue période (toutes les machines ont été réparées en 4 à 6 semaines). L'explosif transmis via M Chabert, a été "judicieusement" positionné sur les parties névralgiques des machines. La plupart d'entre elles ont eu foyer et cylindres détériorés par les explosions. Le chef du service de contrôle allemand du dépôt, demande alors au chef de dépôt de désigner sur le champ une équipe d'ouvrier pour visiter les machines et ôter les bombes non explosées. Celui ci, confirme qu'il n'est pas habilité à donner de tels ordres à son personnel. Devant l'insistance du gradé allemand, il se déclare prêt à visiter lui même les machines et en retirer les engins... Ce qu'il fait, ensuite accompagné par plusieurs cheminots... Mais, la dernière mise à feu se produit à 4 heures du matin. L'explosion tue sur le coup deux des cheminots du service de nuit réquisitionnés, occupés sous la menace allemande, à retirer la bombe placée sur la 231 G 277. Les corps de Maurice Wolf et Albert Brés sont placés à l'infirmerie du dépôt, alors que deux cheminots allemands blessés par la déflagration, sont conduits à l'hôpital militaire. L'un des deux décédera des suites de ses blessures. Outre le matériel roulant, les installations fixes sont aussi visées. Le local du tour à roues est partiellement démoli, alors que le tour lui même est sérieusement endommagé.

Locomotive sabotée au dépôt d'avignon en février 1944 et plan du sabotage.

Peut on, à ce stade du récit, prendre quelques instants pour tenter d'imaginer le déroulement de cette opération de guérilla? Certes cette tentative risque de paraître délicate, plus de quarante années plus tard dans un contexte bien différent, mais activons pour quelques instants notre imagination... Au delà des faits relatés avec précision sur le P.V. de gendarmerie, reconstituons l'opération... Nous sommes en 1944, l'occupant est omniprésent. Des hommes pourtant ont choisi la clandestinité et la lutte armée contre l'envahisseur. Les réseaux de résistance vauclusiens sont maintenant bien organisés, une certaine structuration des opérations est réalisée depuis Londres. Il faut d'ores et déjà préparer les opérations de grande envergure prévues par les armées alliées en vue du débarquement, en empêchant l'occupant d'effectuer les mouvements de troupes à sa guise. L'aviation "écrase" les objectifs stratégiques, mais ces actions sont meurtrières pour les civils et souvent peu efficaces en terme de destructions. Il faut agir de manière plus précise sans mettre les populations en danger. Nous pouvons donc imaginer des hommes se réunissant, au mépris du danger, dans l'appartement avignonnais du président du tribunal de Carpentras. Ils ne sont certainement pas tous cheminots, (bien que le groupe F.T.P cheminot comprenne 50 personnes) mais une telle opération ne peut être conçue sans une complicité parmi le personnel du dépôt. Il faut se rencontrer à plusieurs reprises pour préparer l'action avec soin et choisir des "relais" locaux tout à fait sûrs. Il faut aussi acheminer une grande quantité d'explosifs sans éveiller les soupçons et choisir les points "clé" du dépôt. Les cheminots connaissent les accès, les locaux à "frapper" en priorité et les éléments "sensibles" des locomotives, sur lesquels l'impact des explosions sera le plus efficace. Quel pouvait être en ces moments intenses l'état d'esprit de ces jeunes gens aventureux mais volontaires et décidés? Certainement une bonne dose d'exaltation et d'esprit de sacrifice, mais aussi une part d'inconscience et le mépris total du danger. "Un peuple qui ne se défend pas est indigne de vivre" clament les tracts... l'opération est prévue de longue date, mais elle est ajournée à diverses reprises. Et puis l'ordre parvient enfin. Tout est prévu pour le 19... Là encore il est difficile d'imaginer comment des hommes ont pu, au vu et au sus des Allemands et des cheminots non impliqués dans l'action travaillant sur le site, introduire la grande quantité d'explosifs dans les emprises du dépôt. Les produits sont stockés momentanément dans un autorail désaffecté et remisé sur une voie de garage. Les bombes sont probablement ensuite distribuées dans un local servant de vestiaire, cependant que des camarades en surveillent l'accès. Les attaquants ont choisi les machines les plus modernes et les plus rapides pour les sabotages. Elles sont garées sous l'abri et tout autour des rotondes Est et Nord. Les résistants cheminots se répartissent les tâches Il faut "opérer" avec une grande précision et une grande célérité. Un seul homme découvert et tout peut être remis en cause... Les cœurs doivent battre à tout rompre dans les poitrines, la tension nerveuse à son comble, mais la "raison" doit être la plus forte. Pour la plupart de ces hommes ce n'est probablement plus la première action de ce type. Les explosifs ont été "préparés". Ils sont constitués de plusieurs éléments assemblés. Un détonateur, un explosif primaire, un dispositif de retardement à base d'acide, et cinq rouleaux d'explosif "d'origine anglaise"; du plastic. Le tout est enveloppé de papier paraffiné et cerclé de fil de fer. Les "engins" sont placés sur les cylindres et les foyers des PACIFIC et autres machines. Certaines locomotives sont "froides" mais la plupart sont encore sous pression. Elles fument tranquillement, "classées" tout autour du pont tournant, alors que des ombres furtives glissent tout autour d'elles... Rapidement ces "ombres" disparaissent, alors qu'une autre équipe mine le local abritant le tour à roues et la machine outil. Puis, vers 18 H 45, une explosion sourde secoue le dépôt. La première machine vient d'être sérieusement endommagée... La première bombe à sauté trop tôt! L'alerte est donnée. Les saboteurs sont obligés de fuir emportant les explosifs qui n'ont pu être utilisés. Un cheminot réussit courageusement à faire sortir une bombe des emprises du chemin de fer... sur son vélo. Les saboteurs quittent rapidement les lieux... Pour autant leur angoisse ne se termine pas. L'enquête diligentée par le GESTAPO peut à tout moment leur être fatale... Chacun connaît le sort réservé aux résistants arrêtés... La mort dans le meilleur des cas, d'horribles tortures dans le pire... Mais ils n'en ont cure. La guerre n'est pas à son terme, l'ennemi n'est pas encore vaincu... Plusieurs partisans payent en effet de leur vie cette action d'éclat. Certains cheminots suspectés sont arrêtés et incarcérés à la prison des Beaumettes à Marseille. Une délégation des camarades du dépôt est reçue à Vichy par le capitaine Müller, chef de la GESTAPO. Mais celui ci refuse de remettre en liberté les "otages". Ils ne sont libérés que trois semaines plus tard, après l'arrestation des véritables "responsables" du sabotage. Quinze cheminots sont arrêtés et écroués. L'un d'entre eux est arrêté sur son lieu de travail le 24 février et emprisonné aux Beaumettes. Un autre, surpris en flagrant délit de sabotage, est fusillé sur le champ. Quatre sont fusillés au nord de Montélimar et les derniers déportés à Novengamme. Ils n'en reviendront jamais... Louis Malarte est obligé de fuir. En tout et pour tout les Allemands procèdent à 21 arrestations. Cinq hommes sont fusillés, 2 meurent au maquis, 14 ne reviennent jamais au pays. Un seul est libéré des camps, mais son corps est dans un tel état d'épuisement et de malnutrition (il ne pèse plus que 30 Kgs) qu'il ne revoit jamais le Vaucluse... Il quitte le monde des vivants durant son voyage de retour...

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ENQUETE MENEE PAR LA POLICE ALLEMANDE A LA SUITE DE L'ATTENTAT
COMMIS LE 19 FEVRIER 1944 AU DEPOT DES MACHINES DES ROTONDES A
AVIGNON
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A - Première phase : enquête menée par le S.D.

I. - Dans la nuit du 19 au 20 Février 1944 un attentat a été commis contre le dépôt des machines d'Avignon : 18 machines ont été mises hors d'usage par la déflagration d'explosifs qui avaient té placés dans les organes essentiels des locomotives.

II. - Dés le début de son enquête le S.D. (Sichereits dients) a fait arrêter dix cheminots qui travaillaient au dépôt des machines pendant la journée du samedi 19 février 1944.

III. - En réponse à une démarche effectuée au nom du préfet le chef du S.D. a donné les renseignements suivants:
"L'un des cheminots arrêtés a été immédiatement relâché en considération de ses charges de famille ; les autres sont maintenus en état d'arrestation à cause de présomption de participation à l'attentat ou de complicité, car il n'est pas concevable qu'un tel attentat ait pu être perpétré sans que les allées et venues de personnes étrangères au dépôt et transportant des charges d'explosifs volumineuses n'aient attiré l'attention du personnel du dépôt. Leurs cas seront examinés et si aucune charge n'est relevée contre eux ils seront relâchés."

IV. - Quelques jours plus tard les représentants des syndicats ouvriers du département ont fait auprès du chef du S.D. une démarche en faveur de leurs camarades cheminots arrêtés. Un représentant du préfet assistait à l'entrevue. Le chef du S.D. leur a fait un rapide exposé de l'action entreprise par les terroristes contre le réseau ferroviaire dans le but d'arrêter ou d'entraver les transports de troupes d'opération.

Selon son exposé cette action aurait tout d'abord pris la forme de mitraillages des trains par la R.A.F. ; puis un accord serait intervenu entre la R.A.F. et une organisation de résistance dénommée "French" aux termes duquel les mitraillages seraient abandonnés afin de ménager les voyageurs et le personnel cheminot et remplacés par des attentats sur les voies et contre le matériel.

A la fin de l'entrevue le chef du S.D. a laissé espérer la libération prochaine de quelques cheminots arrêtés.

V. - Au cours de la deuxième quinzaine de Mars quatre des cheminots arrêtés ont été relâchés, mais trois autres ont été arrêtés ce qui a porté à 8 le nombre des cheminots détenus.

VI. - Poursuivant leur action de solidarité les cheminots ont envoyé une délégation à VICHY pour solliciter l'intervention du chef du gouvernement en faveur de leurs camarades.

B. - Deuxième phase : enquête menée par la G.F.P.

I. - Certains renseignements recueillis à propos d'arrestations effectuées par le G.F.P. (Geheim Feld Polizei) ont laissé supposer que ces arrestations étaient en relation avec l'attentat contre le dépôt des machines : un sieur Lacour était arrêté et presque en même temps un nommé Malarte dentiste quittait son domicile et disparaissait (sa femme l'avait d'ailleurs précédé).

Un nommé Piétri, employé du gaz, personne équivoque, était arrêté à son tour. Enfin la G.F.P. aurait arrêté en gare d'Avignon une personne transportant une importante somme d'argent (plusieurs millions).

II. - Enfin le 6 avril le Président du Tribunal de Carpentras était appréhendé par le G.F.P..

Immédiatement le Président fit effectuer une démarche d'information. En réponse à cette démarche le commissaire chef de ce service manifesta le désir de faire une visite au préfet. cette visite eut lieu le jour même et le commissaire donna les précisions suivantes :

"Le président Leyris est accusé d'avoir apporté son concours au mouvement terroriste. Il lui est reproché notamment : d'avoir mis un appartement dont il était locataire à Avignon à la disposition des terroristes à qui il avait confié la clé.
- d'avoir rencontré certains chefs terroristes dans cet appartement.
- de s'être par là rendu complice de ceux qui apportèrent des explosifs dans l'appartement , explosifs qui furent transformés en engins utilisés pour faire sauter les machines du dépôt.
- D'avoir en outre informé les terroristes des actions intentées contre eux, dont il était amené à avoir connaissance du fait de ses fonctions.
Le chef de la G.F.P. précisa qu'il avait attendu plusieurs semaines avant de procéder à l'arrestation de ce magistrat et qu'il n'avait pris sa décision que lorsque les charges relevées rendirent cette mesure nécessaire.

III. - Le commissaire de la G.F.P. déclara enfin au préfet qu'après l'arrestation de certains chefs terroristes responsables de l'attentat commis contre le dépôt des machines il espérait pouvoir sous peu arrêter les exécutants qui mirent les explosifs en place. IV. - Le préfet fit remarquer au commissaire de la G.F.P que l'hypothèse de la culpabilité des cheminots paraissait écartée il était du plus grand intérêt que les cheminots soient relâchés le plus rapidement possible.

Document A.D. VAUCLUSE.

 

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Le groupe ralentit quelque peu son action suite à ces arrestations. Heureusement, si nombre de cheminots F.T.P. sont arrêtés, beaucoup peuvent rejoindre les maquis du Ventoux ou de la Drôme. Ils reviendront ensuite sur Avignon en mai juin et juillet pour participer activement aux actions de libération de la ville. Un autre cheminot, Alphonse Peillard avait été arrêté pour sabotage le 8 (ou 10) juillet 1943. Il disparaîtra un peu plus tard, en déportation.

On note dans le "PETIT VAUCLUSIEN" de 1944, le 6 mai, l'arrestation de M Leyris, président du tribunal civil de Carpentras. Arrêté pour les actions menées dans la résistance, particulièrement celle ayant conduit en février à la destruction dune vingtaine de locomotives au dépôt d'Avignon. Lors de son arrestation, un important matériel et une grande quantité d'explosifs sont découverts à son domicile avignonnais. Le 7 mars, 10 obus placés sous les rails Voie 2, entre Bédarrides et Sorgues, sont retrouvés non éclatés...

Le temps du souvenir...

Ces hommes ont donné leur vie pour que vive la France. Plusieurs rues, places et impasses du quartier des rotondes portent leur nom en remerciement pour leur sacrifice. Un boulevard porte également le souvenir du "MAQUIS VENTOUX". A l'entrée du dépôt des locomotives un monument rappelle cet épisode de la vie cheminote. Cette stèle, érigée le 13 septembre 1945, est l'œuvre du sculpteur cheminot Pascal. Elle a été acquise grâce à la souscription des agents du dépôt et à un don du directeur de la S.N.C.F.. D'autres plaques et monuments commémoratifs se trouvent à Avignon, dans la rue....... au quartier des rotondes, au club des cheminots et en gare d'Avignon centre quai n°1.

Le monument aux morts du dépôt

Finalement, ce sabotage, malgré sa réussite incomplète n'en a pas moins constitué une frein important aux actions de l'armée allemande.

Dépôt de Pertuis... Dans la nuit du 14 au 15 mars, alors que les alliés débarquent en Provence, la résistance locale réalise avec succès la destruction de 14 machines en stationnement à l'annexe traction après avoir "neutralisé" les gardes-voies de faction. C'est Yves Lariven jeune résistant de 20 ans, qui pilote l'opération. Il est arrêté un peu plus tard, alors qu'il est blessé dans une nouvelle opération. Jugé sommairement, il est exécuté le 20 mai à Marseille. Une groupe de résistants prendra alors son nom et deviendra, en sa mémoire, le "GROUPE LARIVEN". Groupe qui se montrera particulièrement actif dans la région du Lubéron. Le lendemain, le dépôt subit un violent bombardement et mitraillage. La coupole de la rotonde, l'une des dernières encore subsistante sur le réseau P.L.M., est détruite lors de cette opération.

C'est le 20 août 1946, qu'ont lieu les obsèques de 3 des cheminots morts pour avoir participé à l'attentat des rotondes du 19 février 1944. Ces trois hommes, Jean Arnaud, Henri Brachet et Louis Bruhat, ont été arrêtés et fusillés par les nazis, le 20 août 1944 à Montélimar. Leurs corps ont été retrouvés dans un charnier, ils ont été rapatriés sur Avignon. C'est dans la cour de la gare que sont exposés les 3 cercueils. Une foule de prés de 2 500 personnes est venue rendre un dernier hommage à ces héros. Le général De Lattre de Tassigny est venu en personne, le 19, s'incliner devant les 3 dépouilles. Puis vient le temps des allocutions et des dépôts de gerbes. Un détachement du 7 eme génie rend les honneurs. A la fin de la cérémonie, le cercueil de Bruhat est déposé dans un wagon à destination de Langogne, sa ville natale, celui de Brachet est conduit au Pontet, le corps de Arnaud est enseveli en Avignon... Le 13 septembre, le monument aux morts du dépôt est inauguré. Les cheminots et résistants réunis dans la cour de la gare se rendent en cortège jusqu'au dépôt où sont déposées des gerbes et prononcées diverses allocutions et où sont appelés un à un les combattants de l'ombre morts pour la France. Des rues du quartier des rotondes portent le nom des cheminots victimes de la répressions suite à l'action de février 1944.

Avignon gare centre quai 1 et Avignon Avenue de la Trillade (ci-dessous) et 2 des rues du quartier des rotondes.

Le vendredi 7 mars 1947, une cérémonie avec prise d'armes se déroule au dépôt face au monument aux morts. Lors de celle ci, la croix de guerre est remise aux familles des 14 cheminots tués par les Nazis suite au sabotage des machines. Le même jour, un meeting se déroule à 18 H à la bourse du travail, en commémoration de la mort de P. Sémard. Le 12 juin suivant, à 11 H, une plaque commémorative est inaugurée dans le hall de la gare d'Avignon. Les délégations officielles, des représentants de la S.N.C.F. et de la résistance ferroviaire assistent à la cérémonie. Des gerbes sont déposées, puis un jeune apprenti énumère à haute voix les noms des cheminots tombés pour que vive la France (A.D. Vaucluse 4 W 3298)...

 

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Les documents et images illustrant cet article sont issus de la collection de l'auteur (Photos Bézet, documents AD Vaucluse, Club des cheminots)

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19/04/2008
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