INTRO.. LE RAIL EN VAUCLUSE..

INTRODUCTION... LE CHEMIN DE FER EN VAUCLUSE...

 

Depuis plus de cent cinquante cinq ans, le chemin de fer est une composante essentielle du paysage Vauclusien, traversant les bons et mauvais moments de l'histoire, tantôt en participant activement au développement industriel et culturel, tantôt emportant hommes, femmes et enfants vers des horizons lointains ou des avenirs incertains.

Avant la mise en service des premières lignes de chemin de fer, on ne pouvait espérer se rendre dans les communes environnantes ou parcourir les kilomètres qui nous séparaient de la Préfecture qu'au pas des chevaux de la diligence. Beaucoup ne quittaient des yeux le clocher de leur église que pour quelque événement important et, bien souvent, le premier voyage n'était pour les hommes que celui du départ au service militaire. Pourtant, en quelques décennies, l'apparition d'un mode de transport jusqu'alors inconnu va révolutionner la vie quotidienne...

Comment s'imaginer que, non seulement la Préfecture, mais aussi la capitale deviennent accessibles en quelques heures seulement de voyage et enfin que les routes de l'Orient sont désormais ouvertes?

Comment imaginer, à cette époque, pour les paysans, commerçants, industriels que leurs produits peuvent désormais bénéficier de débouchés nationaux, que le charbon des mines de la Loire ou d'Alais, que l'on peut livrer à moindre coût, va permettre le fonctionnement quasi-constant des manufactures jusqu'alors tributaires des caprices des rivières auxquelles elles étaient intimement liées? Ce nouveau mode de transport, c'était le "RAILWAY" (comme on le nommait alors à cause de ses origines).

Malgré le scepticisme de certains, les "dangers" et les "malédictions" qui devaient s'abattre sur les malheureux voyageurs et l'hostilité ouverte de beaucoup (bateliers, rouliers, postillons...) le "CHEMIN DE FER" se développe de façon fulgurante. En moins de 40 ans l'étoile ferroviaire du réseau français, centrée sur Paris, est pratiquement achevée, tissant sa toile sur tout le territoire, desservant au passage les grandes agglomérations, mais aussi les villages les plus reculés et les plus inaccessibles. Tout ceci bâti au prix d'énormes difficultés, d'un travail titanesque de pics et de pioches. Mais quelle motivation pour les ouvriers, maçons, terrassiers, forgerons, bûcherons, mais aussi boulangers, cuisiniers, mécaniciens, que de participer à une œuvre aussi prestigieuse, symbole du génie humain, et devant permettre enfin à l'humanité d'atteindre sa vraie dimension, à l'instar des grands chantiers du moyen-âge ou de l'antiquité, dans le plus pur esprit du compagnonnage et suivant les idées Saint Simoniennes!

Pourtant, ce chemin de fer tant rêvé par les hommes a, lui aussi, à l'instar des autres inventions humaines, été dévoyé et utilisé à des fins belliqueuses. N'a-t-il pas permis, tout à coup, de rendre les guerres plus "efficaces" en permettant aux belligérants de déplacer rapidement leurs troupes sur le théâtre des opérations. Il a ainsi rendu, ou du moins accompagné, la planétarisation des conflits... Le Vaucluse n'a pas échappé, malheureusement, à la règle. De bien tristes périodes, encore gravées dans les mémoires de nos anciens, en ont émaillé le passé. Bien sûr, tout cela a existé. Mais cela n'est pas le fait du chemin de fer car il est, en lui même et avant tout, un instrument de développement et de paix, mais son dévoyement pour des intérêts ou des idéologies particuliers.

Mais aujourd'hui, c'est sur un tout autre terrain que se joue l'avenir du rail... Le terrain politico-économique. Pour certains, le chemin de fer est un mode de transport "ringard" qui n'a plus, ou presque, sa place dans notre société moderne (du moins dans sa forme actuelle). D'aucun voudraient le voir démantelé, livré pièce par pièce, à des intérêts privés. Mais c'est bien vite oublier certains éléments essentiels. D'une part la notion même de service public, d'autre part l'étonnante modernité d'un mode de transport qui se joue des encombrements routiers et se permet de mettre, en toute sécurité, Marseille à trois heures à peine de Paris! C'est oublier, enfin et plus précisément pour nos décideurs et Hommes politiques provençaux, que sans la venue, il y a un siècle et demi du chemin de fer, notre si belle et si prospère région ne serait restée qu'une "terre de misère" comme le disait Prosper Mérimée, désolée comme peuvent l'être encore la certaines régions du pourtour méditerranéen. N'oublions donc jamais que la Provence doit sa richesse non seulement à son climat et ses paysages, mais aussi au Chemin de Fer. Gardons nous de trop vite rejeter ce que nous avons jadis adoré... Il ne passera assurément pas quelques décennies, avant que nous sachions retrouver les atouts du rail...

"S'il survit au XX eme siècle, le Chemin de fer sera le moyen de transport du XXI eme siècle!".. C'est en cette phrase très simple que Louis Armand, l'humaniste, le résistant, l'académicien et le grand visionnaire, mais aussi le cheminot, voyait le fabuleux avenir du rail....

L'ère de la locomotive est parmi celles de notre civilisation celle qui a le plus transformé le monde; plus encore que la Révolution. Elle a davantage modifié les structures sociales que la Déclaration des droits de l'Homme. Elle a plus contribué à améliorer les rapports entre les Hommes que les nombreuses théories philosophiques.

Les cheminots ne sont ils pas les acteurs de l'industrie du rêve, du roman et de l'ensemble du domaine culturel? Femmes et hommes de l'entreprise S.N.C.F. ont su mener à bien tous les grands changements avec intelligence. A Chaque fois il a fallu apprendre, se former, être de façon différente, bref, s'adapter.

C'est dans la moitié du défunt XX eme siècle qu'un des plus grands bouleversements est arrivé, avec l'électrification du sillon rhodanien. Longtemps "ringardisé" par les pouvoirs publics, repoussé par l'automobile et le transport aérien, le rail "moderne" arrive en Avignon, en cette période clef de la politique et de l'économie, entre la constitution de la V eme république et les nouveaux Francs... En cette fin des années 50 la traction électrique est la réponse moderne et sociale aux importants besoins de transports et d'aménagement du territoire. Il conditionne des pans entiers du fonctionnement économique et social de cette époque charnière. Pour les cheminots il réaffirme la nécessité du service public, avec une seule culture, celle de la qualité du service et de la responsabilité vis à vis des voyageurs.

Le fabuleux outil qu'est le T.G.V. est l'œuvre de toute une corporation faite de femmes et d'hommes attachés à leur métier et à cet outil de travail, signe d'une très haute technicité et d'une expérience humaine de progrès.

Mais la productivité doit elle faire oublier l'Humain? "L'équipe" des vaporistes a disparu, l'homme est désormais seul, à 300 Km à l'heure, face à son travail et ses responsabilités. Les cheminots n'ont pas le culte de la résignation et ils ont, tout au long de leur histoire, privilégié l'action. Le Chemin de fer relie des continents et des hommes, servira t'il la coopération ou bien la concurrence?

Né avec le siècle et le millénaire, au moment où l'Europe cherche encore ses marques, avec ses questions et ses doutes, le T.G.V. MEDITERRANEE est le T.G.V. de l'Europe. Ce train bouscule les horaires, les dessertes et permet de raccourcir le temps et les distances... Mais pour que ce T.G.V. soit un vrai outil de progrès, ouvert à tous, il faut, obligatoirement que s'étoffe le maillage ferroviaire régional; l'un ne peut fonctionner sans l'autre, au risque de ne permettre le développement que de quelques grosses agglomérations. T.G.V. et TER doivent être au service des habitants des communes, du département et de la région et c'est côte à côte ou plutôt quai à quai qu'ils seront véritablement efficaces à la fois pour les collectivités et pour l'entreprise SNCF.

La S.N.C.F., une entreprise de service public au service du public qui doit avant tout conserver son unicité pour poursuivre sa mission. Cet outil là, je le crois, est de bonne tradition cheminote....

Avec prochainement ses 150 ans de présence en Vaucluse, le chemin de fer n'est pas dépassé. Malgré de nombreuses attaques contre lui, il encore sait démontrer chaque jour qu'il est un maillon indispensable au développement de notre pays. Et cet ancêtre est encore d'une extraordinaire jeunesse, se permettant au passage de battre des records de vitesse avec plus de 515 kilomètres à l'heure, circulant quotidiennement à la vitesse d'une automobile de formule 1 dans une parfait confort, une grande sécurité et avec un coût réduit pour la collectivité. Voilà pourquoi il est si souvent la cible de certains groupes de pression avides de finance te de rentabilité immédiate.

Développer, coordonner le rail, à la condition qu'on lui laisse la possibilité, au delà des limites de sa propre entreprise, de porter les grandes questions qui se posent pour le réseau français et européen, tout cela avec les hommes et les femmes du rail, les usagers, les élus. Relever le défi, au moment où l'entreprise ferroviaire se trouve à la croisée des chemins, face aux multiples tentatives de privatisation, de démantèlement ou de dérégulation... Alors oui, Louis Armand aura eu raison de lui faire confiance. Alors oui, le rail qui a survécu au XX eme siècle sera, et probablement est déjà, le moyen de transport du XXI eme siècle..

J C Capdeville. Mai 2002.
Correspondant La Vie du Rail à Carpentras

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21/03/2009
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