LA LIGNE DE PIERRELATTE A NYONS... DOCUMENTS
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LA LIGNE PIERRELATTE VALREAS NYONS
Au cours de la première séance du Conseil Général, M Jules Niel, président de l'assemblée a déposé le voeu suivant relatif à l'exploitation de notre ligne de chemin de fer dont le fonctionnement est actuellement suspendu. Le Conseil Général de Vaucluse, Considérant qu'une proposition de loi n°618 tendant à inviter le gouvernement à réformer l'exploitation des lignes d'intêret secondaire de la S.N.C.F. a été déposé le 28 août 1951 au Conseil de la République par la sous commission de contrôle des entreprises nationalisées. Considérant que ce document officiel reprend les arguments présentés par les défenseurs des voies ferrées secondaires; le sort de chaque ligne doit être fixé non en vertu d'une régle générale, mais en vertu d'une étude spéciale et il est possible, pour un grand nombre de ces lignes, de recourir à de nouvelles formes d'exploitation susceptibles de satisfaire à la fois les intèrêts généraux du pays et des intérêts locaux. Les moyens techniques de traction ou d'exploitation sont aujourd'hui assez variés pour qu'on puisse choisir pour chaque ligne ceux qui lui conviennent le mieux (emploi d'autorails légers, de locomotive diesel, d'un personnel réduit et polyvalent), gestion par des collectivités locales ou par une entreprise privée, gestion mixte, etc.. Considérant que, contrairement à une opinion trop répandue, l'expérience prouve qu'il doit être possible d'exploiter la plupart des lignes de chemin de fer secondaire dans des conditionsrentables et qu'il s'agit désormais non de supprimer les lignes secondaires, mais de rechercher les formules nouvelles d'exploitation. Estime que les constatations et les conclusions de la sous-commission du Conseil de la République peuvent s'appliquer, notamment à la voie ferrée Pierrelatte Nyons. Exprime à nouveau sa volonté de voir continuer le fonctionnement de cette ligne à laquelle les populations intéressées sont très attachées. Demande aux autorités compétentes (S.N.C.F., Chambre de Commerce, Ponts et Chaussées etc...) de mettre au point un moyen des résultats chiffrés de précédentes enquêtes et conformément aux suggestions de la sous-commission sénatoriale, les modalités de gestion capables d'assurer la bonne marche de la voie interdépartementale Pierrelatte Valréas Nyons dans un délai d'un an. Et mandate son bureau pour reprendre les démarches nécessaires, un accord avec le département de la Drôme, afin que le gouvernement rouvre en la réformant l'exploitation de cette ligne de chemin de fer nécessaire à la vie régionale. LE PROVENCAL 1951 (A.D. VAUCLUSE)
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LA S.N.C.F. a employé avec succès en gare de Valréas UN PROCEDE MODERNE DE CHARGEMENT permettant d'évacuer en 32 minutes, un camion de 8 tonnes . De notre correspondant particulier : MARCO
Le 15 mars de cette année qui s'achève, le dernier train sifflait longuement comme un déchirant adieu, dans la petite gare de Valréas qui entrevoyait les débuts d'une ère d'oubli et de solitude. La ligne de Chemin de Fer Pierrelatte - Valréas - Nyons avait vécu.
Notre journal jusqu'au dernier moment s'appuyant des slogans même de la S.N.C.F., avait défendu la ligne dont il regrettait vivement la disparition. Cette position nous permet d'écrire aujourd'hui que dans l'ensemble l'usager n'a pas particulièrement souffert de cette absence de trains. Il y avait déjà longtemps (pourquoi le cacher?) que le trafic voyageur incomode tant pas ses horaires que par son inconfort, était devenu une plaisanterie. Seul le trafic marchandises restait vital pour la région. huit mois après nous devons constater que la S.N.C.F. ne nous a pas abandonnés. Elle a mis en place un service routier desservi par des camionneurs liés à elle par contrat e tqui observent ses horaires et ses tarifs. C'est ainsi que la marchandise est livrée au destinataire avec les mêmes soins de temps et de prix que si les trains arrivaient dans la gare.
Chargement des betteraves
Nous constatons, en outre, avec plaisir que les chemins de fer font de gros efforts dans la voie du modernisme et qu'ils mettent tout en oeuvre pour faciliter l'usager et donner à ceux des régions abandonnées par le rail une espèce de compensation amicale à cette désertion. Le ramassage des betteraves bat son plein dans nos campagnes. Chaque saison, 3 fois par semaine, de nombreux wagons étaient arrêtés en gare pour attendre leur chargement de "sucrières". Le producteur arrivait avec son véhicule auto ou hippo mobile e til devait lui même transborder sa cargaison du véhicule au wagon. La suppression du rail posait donc cette année un probléme aux services automobiles de la S.N.C.F.. Ceux ci semblent l'avoir rapidement résolu avec bonheur et résultats probants.
Modernisme, progrès .
Le "betteravier" qui n'a plus le souci de savoir le jour où des wagons lui sont réservés, décharge son véhicule sur le quai de la gare marchandises. Un tas énorme se forme, mais il appartient à la S.N.C.F. et non au producteur de s'en inquiéter. Nous avons eu le privilège de nous trouver en gare de Valréas le jour précis où les services automobiles de la compagnie expérimentaient le rendement de leur système de chargement. Une grue "GRIFFET" d'une force de 7 tonnes, munie d'une griffe spéciale, fourche ou machoire géante était en action. Avec une facilité déconcertante, un seul ouvrier, de la cabine de manoeuvre, faisait fonctionner l'engin. Chaque coup de "pince" prélevait sur le tas quelque 250 à 300 kilo de betteraves, et la benne, avec les gracieux mouvements que savent parfois avoir les machines, allait se vider dans un camion placé tout à côté. Un contrôleur S.N.C.F., que nous voulons en passant remercier pour sa grande amablité, vérifiait, montre en mains la marche de l'opération. Et c'est ainsi que devant nous, un camion de 8 tonnes fut chargé en 32 minutes. "Mais il faut se rendre compte, ajoutait notre interlocuteur, que c'est la première fois que la S.N.C.F. emploie ce systéme pour le chargement des betteraves. Nous en sommes donc au stade expérimental et nous pensons que le rendement sera rapidement amélioré avec la pratique et qu'il nous sera possible de charger un camion de 10 Tonnes en quelque 25 minutes. D'ores et déjà, nous sommes entiérement satisfaits des résultats obtenus. La S.N.C.F. à la possibilté d'évacuer de votre gare 100 tonnes de betteraves par jour. D'autre part, la grue, ou pelle mécanique, mise en service à Valréas appartient à la S.N.C.F. et il est évidemment possible de l'employer pour le chargement d'autres marchandises en remplaçant les griffes par des bennes ou autres moyens de prise."
Le camion rempli était à peine parti qu'un vaste véhicule à bennes de 15 tonnes prenait sa place pour être chargé. Dans quelque 55 minutes, le premier véhicule se videra dans un wagon à Pierrelatte e treprendra la route avec un chargement de marchandises (lorsque celles ci seront capables de voyager sans ennuis dans un camion terreux). Chaque transport routier fait avec les betteraves, trois voyages journaliers après s'être débarrassé de sa charge sans aucune manutention.
Il est heureux de constater que la S.N.C.F. va de l'avant et qu'elle n'hésite pas à employer les machines les plus modernes pour assurer ses services. Nous devons l'en féliciter et nous montrer particulièrement satisfaits que malgré l'absence que nous espèrons momentanée , du rail elle ne nous délaisse pas et qu'elle persévère dans ses efforts pour nous satisfaire, nous servir, toujours mieux, toujours plus vite.
LE PROVENCAL 1951 (A.D. VAUCLUSE | -- |
VALREAS
Au sujet de la suppression de la ligne Pierrelatte Nyons
M Jules Niel, Vice Président du Conseil Général, nous communique:
Le 13 décembre, vers 16 h, alors que je trouvais en séance du Conseil Général, l'on me transmettait le télégramme suivant.
"Suite visite inspecteur de la S.N.C.F., ligne Pierrelatte Nyons sera coupée 1 février prochain. Grosse émotion population. Urgent, faire intervenir Conseil Général selon directives données par ministre, Signè, Comité de Défense.
Et, vers 17 h 30, une délégation conduite par M Aubery Lucius, Président du Comité de Défense et des membres de la Chambre de commerce e tcomposée de MM Molineau, Desmond et Beysson, arrivait à la Préfecture où des tribunes réservées au public, ils purent entendre la protestation et toute la dicussion qui s'en suivit. Il fut entendu, devant la grave décision dont la ligne était l'objet, que le samedi 16 décembre à 10 h, le Conseil Général se réunirait en séance plénière, en présence de M le PRéfet, son chef de cabinet, et de M le Secrétaire général de la délégation valréassienne, des maires du canton de Valréas, des représentants de la S.N.C.F. et de la C.N.R., et de M l'Ingénieur en chef des Ponts & Chaussées.
Le samedi 16 décembre à 10 h 30, le Conseil Général réuni avec toutes les personnalités qui avaient été désignées, entendit tour à tour les explications des techniciens qualifiés de la S.N.C.F. et de la C.N.R. qui ne purent que confirmer les instructions de M le Ministre des Travaux Publics et des Transports, reçues le 21 novembre 1949 et qu'il n'y avait pas lieu d'entreprendre la construction d'un pont de chemin de fer ou d'un pont rail route pour le franchissement du canal de Donzére pour la ligne Pierrelatte Nyons et la suppression de ladite ligne.
Dans l'après midi, en séance publique, après avoir vivement protesté contre mes collègues, fait ressortir les conséquences désastreuses qu'il en résulterait pour Valréas, son canton et tout le nyonçais, après avoir insisté sur le fait que représentant de la S.N.C.F. n'avait pu nous dire formellement que la ligne était déficitaire, j'ai fait adopter par l'assemblée départementale et à l'unanimité la résolution suivante:
"Le Conseil Général de vaucluse, réuni en session extraordinaire, profondément ému par la nouvelle qui lui est parvenue officiellement de la suppression de la ligne de Chemin de Fer de Pierelatte à Nyons. S'élève à nouveau contre cette décision ministérielle qui ne tient aucun compte des intérêts des populations intéressées du département de la Drôme et du département de Vaucluse. Proteste avec fermeté, contre le fait que cette mesure n'a été notifiée ni au Préfet, ni aux parlementaires, ni aux assemblées des deux départements.
S'étonne qu'elle ait pu être prise sans qu'aient été connus les résultats de l'enquête de commodo et incommodo à laquelle il a été procédée dans les deux départements, sur la demande de M le Ministre des transports et des Travaux Publics.
Après avoir entendu, au cours de la présente session, les techniciens de la S.N.C.F. et de la C.N.R..
Considérant qu'aucune raison valable n'a été fourniée à l'appui de cette décision.
Considérant qu'il ne peut être tiré argument du caractère déficitaire de cette ligne, puisuqe la S.N.C.F. n'a jamais fait le bilan de son exploitation et ne peut dire si elle est ou non déficitaire.
Considérant que cette mesure lèserait gravementles intérêts économiques des régions desservies.
Considérant qu'elle entraîenrait, par la mise au chômage de plusieurs milliers de travailleurs, une grave crise sociale.
Prie instamment M le Ministre des transports et des Travaux Publics de bien vouloir surseoir à la fermeture de cette ligne le premier février 1951 et donner toutes instructions utiles:
Pour que les travaux effectués par la C.N.R. sur le canal de Donzére et Mondragon n'entraîne pas effectivement la suppression de la ligne.
Pour que la coupure de la ligne par le canal soit effectuée de telle façon que puisse être construit par la suite et en cas de décision favorable, le viaduc sur lequel passerait la voie ferrée.
Lui demande de mettre en demeure la C.N.R. de procéder à la construction de ce viaduc.
De faire établir par les services de la S.N.C.F. le bilan d'exploitation de la ligne Pierrelatte Nyons.
Décide de provoquer la constitution d'une commission groupant les représentants des Conseils Généraux de la Drôme et du Vaucluse, des Chambres de Commerce de ces deux départemenst, des communes intéressées et de toutes les organisations industrielles ou commerciales qui aura pour mission de prendre connaissance de ce bilan et de proposer aux assemblées départementales toute solution en faveur du maintien de l'exploitation sur cette ligne. Décide de mandater deux de ses représentants pour remettre à M le Ministre des transports et des Travaux Publics la présente résolution et l'entretenir à nouveau de cette affaire, M Niel Jules, Vice Président du Conseil Général de Vaucluse, et M Robert Ellen, Conseiller Général de Bollène.
Demande à M le Préfet de Vaucluse de bien vouloir se faire auprès de M le Ministre des transports et des Travaux Publics, l'interprète des intérêts économiques et vitaux de son département et plus précisément de la région de Valréas".
J'ai adressé une lettre de protestation et copie de la présente résolution à tous les parlementaires du Vaucluse en leur demandant instamment de faire une démarche auprès de le Ministre des transports et des Travaux Publics pour surseoirà ladite décision et se joindre à notre délégation le jour et l'heure que M le Ministre aura choisi pour nous recevoir à Paris.
Jules Niel
LE PROVENçAL 1950
Le vendredi 10 mars, aura lieu à 20 Heures, à la Mairie de Valréas, une importante conférence qui sera donnée, sous les auspices de la municipalité, par M Julien, Conseiller Général de Nyons.
L'intérêt indiscutable que présente le maintien de cette ligne pour toutes les communes traversées, les communes voisines et plus spécialement Valréas, centre important d'industrie et du commerce n'échappera à personne. Aussi, les promoteurs du mouvement insistent'ils pour que toutes les personnes intéressées au maintien de la ligne: industriels, commerçants, ouvriers, cultivateurs et tous les groupements: syndicats patronaux, syndicats ouvriers, C G A, coopératives, etc... assistent à cette importante conférence, à l'issue de laquelle une résolution sera votée pour demander aux responsables de revenir sur leur décision de supprimer la ligne, décision dont les services compétents n'ont pas compris certainement toute la portée et qui peut avoir des conséquences regrettables pour la vie même de nombre de communes.
LE PROVENçAL 1950
Une commission d'enquête va être créée.
La suppression de cette ligne qui depuis plus de dix ans passionne la population qu'elle dessert, dont de multiples interventions ont retardé l'exécution, parait entrer dans une phase nouvelle.
La disparition des carrières qui délimitaient le terrains S.N.C.F., autour de la gare de Nyons étaient un symptôme alarmant et sonnait le glas d'un réseau que plus rien ne paraissait plus devoir sauver.
Un vent d'optimisme souffle à nouveau. Certes, nous ne voudrions pas bercer d'un chimérique espoir ceux que cette ligne intéresse, mais de nouvelles et insistantes démarches ont permis de reconsidérer la question, et finalement les pouvoirs publics si longs à s'émouvoir, finissent par où ils auraient du commencer.
En effet, au moment ou fut construite la ligne Pierrelatte à Nyons, il y a plus d'un demi siècle, fut ouverte une enquête au cours de laquelle chacun put exprimer son opinion, soit pour, soit contre le projet. On s'aperçoit enfin que sa suppression ne peut être légalement réalisée qu'à la suite d'une nouvelle enquête qui permettra aux partisans de son maintien, car il n'y a pas d'adversaires, d'exposer les arguments qui militent non seulement en faveur de son maintien, mais encore de son développement.
Une commission va être prochainement constituée.: il lui appartiendra de recueillir l'avis des collectivités locales, des groupements économiques agricoles et industriels des départements intéressés et de tirer des conclusions qui résulteront de ces auditions.
Nous avons la certitude qu'elles seront favorables. Mais quelque favorables qu'elles soient, il ne faut pas se leurrer sur le résultat qu'elles pourraient avoir sur le Ministre compétent, car la décision définitive lui appartient. Mais comme nous vivons encore sous un régime démocratique, nous pouvons espérer qu'il tiendra compte, non de l'opinion des ses services, mais du désir nettement exprimé par l'unanimité des habitants d'une vaste région agricole et industrielle, dont les intérêts ne doivent pas être sacrifiés.
Le comité de défense de la ligne nous communique avec prière d'insérer:
C'est un devoir de notre comité de mettre au courant la population de notre région sur les derniers événements concernant la ligne, vitale pour notre région.
Mercredi 13 courant, nous apprenons de source certaine que la ligne devrait être coupée par la C.N.R. au premier février, ou au plus tard le 1 mars 1951. Sans autre avis, un télégramme a aussitôt été adressé à notre conseiller général siègeant en Avignon et une délégation se composant de: MM Aubéry, président de notre comité, Borello, maire de Valréas, Descemond, secrétaire général de l'UL des syndicats, Beysson, secrétaire adjoint, s'est rendue en Avignon pour prendre contact avec M le Préfet et M Niel.
Samedi 16 à 10 h, à la demande de M le Préfet, un réunion plénière en présence de MM les Conseillers Généraux, a eu lieu avec la présence d'un représentant de la S.N.C.F., de la C.N.R. de MM les Maires de Valréas, visan, Grillon, de M Aubéry, président des syndicats des cartonniers et M Malafot, représentant notre comité. L'affaire a été présentée sous son véritable aspect.
A 14 heures, le même jour, en séance publique du Conseil Général, M Niel a défendu énergiquement nos intêrets et une rsolution a été adoptée à l'unanimité demandant à M le Minister des Travaux Publics et des transports son maintien. Deux délégués du Conseil Général, MM Niel et Robert Ellen, ont été désignés pour aller à Paris faire une démarche auprès de M le Ministre. Nous avons appris de source officielle, par MM les memebres du Conseil Général, que l'on ne pourrait dire la ligne était déficitaire et que l'exploitation par route donnerait une légère charge supplémentaire aux finances de la S.N.C.F..
Où est donc l'intérêt de supprimer le rail?
Nous savons pertinemment que la S.N.C.F. fera comme elle le fait déjà, tout son possible pour réaliser un transport par la rouet, aussi parfait que possible, mais qui sera à notre avis loin de nous satisfaire.
Nos élus au Conseil Général, nos Maires, nos parlementaires ainsi que les commissaires enquêteurs de l'enquête commodo et incommodo, sont très surpris que l'on ait pris une décision de cette importance sans les avoir informés et sans avoir tenu compte du résultat de l'enquête. Le Conseil Général veut bien, après étude, s'il y a déficit, le prendre en charge dans une certaine mesure, mais nous le répétons, l'exploitation par route sera plus élevée. Dans peu de temp, cette exploitation routière par la S.N.C.F. sera abandonnée parce que trop onéreuse.
Les contribuables de Pierrelatte à Nyons doivent avoir les mêmes droits que ceux des grandes lignes et ne veulent pas que leur région soit ruinée.
Notre comité vous tiendra au courant au fur et à mesure des événements des résolutions qui auront été prises.
LE COMITE DE DEFENSE.
Le Provençal de mardi a signalé qu'au cours de la première séance tenue par le Conseil Général du Vaucluse, M Niel, Vice-Président de l'assemblée, avait fait "mettre aux voix", avec urgence, un nouveau voeu relatif à la question vitale de la suppression de la ligne de chemin de fer de Pierrelatte à Nyons.
Voici le texte de ce voeu adopté à l'unanimité par l'Assemblée départementale:
Le Conseil Général de Vaucluse, ému par la menace de suppression de la ligne Pierrelatte à Nyons qui serait en principe, décidée par la S.N.C.F.;
Proteste à nouveau contre la suppression de cette ligne, mesure à tous égards préjudiciable aux intérêts de la région desservie (agriculture, commerce, industrie) et en réclame le maintien, suivant le voeu émis le 8 janvier 1949, et en accord avec les Chambres de Commerce intéressées de Nyons et Avignon. Et demande à nos parlementaires d'unir leurs efforts et d'intervenir au plus tôt à cet effet auprès de M le Ministre des Travaux Publics et des Transports, afin qu'aucune décision définitive ne soit prise concernant la suppression et la démolition de la ligne de chemins de fer à voie normale de Pierrelatte à Nyons avant que ne soient consultés les représentants de tous les collèges électoraux de la région desservie par cette ligne, ainsi que les Chambres de commerce de la Drôme et de Vaucluse, à seule fin que toute une région ne soit pas privée à jamais de toutes possibilités de développement industriel et agricole, pouvant être source de prospérité pour le pays et d'éviter ainsi une amputation inutile et importante à notre équipement national.
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Messieurs, ayons confiance, notre cause est la bonne. Elle est juste. l'Etat n'abandonnera pas la ligne de Pierrelatte à Nyons à travers une contrée prospère, peuplée, riche par les produits des son sol et de son industrie. Ces paroles étaient prononcées fin 1888 par M Daurand, lors d'une réunion du Conseil Municipal valréassien, peu après qu'une séance du Sénat put laisser croire à l'enterrement des chemins de fer secondaires d'intérêt général. Comme elle se retrouve d'actualité au moment où le sort de cette voie se joue dans un ministère! Aujord'hui aussi ayons confiance. ********* A la même époque, la construction du chemin de fer était retardée (par nyons). le Conseil Municipal protesta énergiquement en des termes assez vifs contre les autorités nyonçaises, contre la substitution d'une ligne Nyons-Croisière, voulue par les édiles de la cité voisine, à la Nyons Valréas Pierrelatte. "Les discussions d'idées se passionnent, une vieille jalousie pousse les dirigeants de Nyons à demander le raccordement à la Croisière". disait M le Maire de valréas. Ces querelles de clochers n'existent heureusement plus et c'est unies et serrant les coudes que les deux villes luttent maintenant pour leur train. En 1889, la construction de la ligne n'était pas encore commencée. "Décidé à donner à la france par des moyens de transport prompts et économiques la faculté de développer autant que possible ses ressources minérales, agricoles, industrielles, commerciales". Le Gouvernement avait pourtant déposé à la chambre des Députés un projet de loi destiné à autoriser la construction de nouvelles lignes de chemin de fer, le 4 juin 1878. Dans ce projet figurait la ligne n°107 allant de Nyons au Rhône, par ou près Orange. Souhaitons que la décision éventuelle de suppression soit réfléchie aussi longtemps. Car, dans 11 ans, on se rendra compte en haut lieu de l'utilité incontestable de notre ligne Pierrelatte Valréas Nyons. LE PROVENçAL 1950
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Cet après midi vers 17 heures, le Pierrelatte Nyons donnera son dernier coup de sifflet sur le territoire de notre commune. En effet, notre pauvre tortillard ne passera pas demain, ni après demain, ni probablement plus jamais. On a beau nous dire que pour le moment il ne s'agissait que d'une suspension d'exploitation et que les services compétents étudiaient l'éventualité d'une reprise dans l'avenir, je ne pense pas qu'il convienne de se bercer d'illusions et j'ai bien peur que la fumée de la locomotive ne nous incommode pas de sitôt.
Bien sûr il y aura toujours des services réguliers pour les marchandises et ça ira peut être aussi bien. Nous jugerons lorsque nous aurons pu apprécier le nouveau système.
Cette ligne aui a fait couler tant d'encre, lorsqu'elle fût créée à la fin du siècle dernier, en a fait couler tout autant ces derniers mois. Les réunions ont succédé aux réunions, les délégations ont succédé aus délégations, les discours ont succédé aux discours et les articles aux articles. En vain. Le tribunal qui avait condamnée le petit train n'en a pas moin continué à le considérer comme coupable. Et coupable de quoi s'il vous plait?
Est ce de sa faute à lui s'il y a un canalqui va le couper vers Pierrelatte? Est ce de sa faute si'l est un tout petit peu déficitaire? Est ce de sa faute s'il n'est plus tout jeune et si la route lui fait une concurrence redoutable?
Est on bien sûr d'avoir jugé les vrais responsables en condamnant le train? A t'on songé, par exemple, qu'une société bouliste aller être obligée de changer de nom? On ne semble pas avoir pensé à tout dans cette histoire, même pas aux joueurs de boules.
Candide. Dauphiné Libéré 14/03/1951