LE TERRIBLE VOYAGE DU TRAIN FANTÔME..

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L'INIMAGINABLE VOYAGE DU "TRAIN FANTÔME"

 

Beaucoup d'épisodes épouvantables se sont déroulés durant la dernière guerre. Certains ont concerné plus précisément le chemin de fer. Pourtant, peu de ces événements ne pourront plus nous toucher que celui survenu en août 1944 tout au long des lignes Vauclusiennes et plus particulièrement dans les emprises de la gare de Sorgues. Un événement d'une horreur que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd'hui...

D'ailleurs, longtemps, cet épisode douloureux est resté "occulté" et peu de témoins en ont reparlé. Mais, gravés à jamais dans la mémoire des Sorguais et des quelques protagonistes encore vivants, ces souvenirs ont refait surface il y a une vingtaine d'années et ont donné lieu à des recherches historiques approfondies, à la hauteur de ce qu'a été l'événement.

CAMPAGNE DE 1914

Notez l'inscription sur la porte du wagon :" HOMMES 40 CHEVAUX en long 8" rappelant son utilisation militaire. Lors du second conflit mondial des wagons de ce type seront massivement utilisés pour le transport de déportés, entassés, malgré l'inscription à près de 80 par véhicule.

Reportons nous quelques instants en 1944, le 18 août, plus précisément. Ce jour-là, une colonne de plus de sept cents prisonniers, hommes et femmes, résistants, républicains espagnols, juifs... traverse le village de Sorgues de part en part.

Commencé le 9 août à Bordeaux leur voyage, effectué dans des conditions épouvantables, sous une chaleur torride, s'est provisoirement arrêté à Roquemaure sur la rive droite du Rhône. Le convoi, en errance depuis de longues semaines, y ayant terminé son chemin, bloqué par la destruction des voies et ouvrages d'art. Souhaitant pourtant, quel qu'en soit le prix, mener à bien leur triste besogne, les geôliers S.S. qui ne s'avouent pas vaincus, décident de faire "mettre en route" un nouveau train au départ de la gare la plus "proche" (celle de Sorgues) pour poursuivre ce voyage dont la destination n'est autre que les camps d'extermination en Allemagne. Un train est donc préparé en gare alors que la longue cohorte de prisonniers s'ébroue pour rallier Sorgues... à pied.

Malgré la déchéance de ces hommes et femmes brisés de chaleur, de faim, de soif, de maladies, un long et pénible périple les conduit parmi les vignes châteauneuvoises, sous le soleil de plomb de ce mois d'été, vers le lieu d'embarquement. Gare à ceux que leurs forces ne permettront pas d'arriver à destination... La mort les attend sur le bord de la route...

LE MONUMENT DU TRAIN FANTOME

Monument commémoratif en gare de Sorgues.

Après avoir traversé Châteauneuf du Pape, les prisonniers et leurs gardes chiourmes atteignent Sorgues...

Les Sorguais sont alors confrontés à l'horreur, à l'inimaginable... Bien que les populations ait été avisées de rester enfermées sous peine de dures sanctions, ceux qui sont encore dehors ou qui regardent par leurs volets mi-clos n'en croient pas leurs yeux. Ils assistent au défilé d'un convoi de fantômes ambulants. Des hommes et des femmes hagards, sous les ordres et la brutalité des gardiens en uniforme vert de gris. Ils les voient traverser la ville depuis la route de Châteauneuf jusqu'à la gare. Tout d'abord choqués, ils se mettent alors tout au long de la route, en quête d'eau, de pain, de fruits pour tenter, malgré les vociférations et menaces des gardiens, de réconforter, de désaltérer, d'aider ces pauvres hères décharnés et assoiffés.

Transférés dans la cour des débords de la gare, les prisonniers sont peu à peu "embarqués" à nouveau dans les wagons à bestiaux, sans fenêtre comme ceux qu'ils avaient quittés quelques heures auparavant.

Pourtant, profitant du temps et de la confusion occasionnés par ce transfert, plusieurs Sorguais courageux, aidés par les cheminots de service (comme M Vézolles) ou accourus sur les lieux, non contents de ravitailler les prisonniers, s'emploient à aider à l'évasion de près d'une trentaine d'entre eux. Tous les stratagèmes sont bons, sans cesse renouvelés pour échapper à la vigilance des gardes-chiourme, au mépris total du danger.

Au moment du départ, le mécanicien de la locomotive, refuse de mettre son train en marche. L'officier S.S. prend, alors, Le chef de gare en "otage" et, lui imposant son arme sur la poitrine, oblige le mécanicien à regagner sa machine et à mettre en branle son convoi. Pourtant, malgré le zèle de tous ces partisans, malgré l'aide de la résistance locale, malgré une locomotive livrée volontairement avariée par le dépôt d'Avignon, le train quitte finalement la gare dans la soirée et poursuit son épouvantable voyage. Quelques ultimes évasions vont encore se produire en cours de route. Le train est en effet mitraillé le 19 prés de Pierrelatte par l'aviation alliée et arrêté en gare. Le docteur Gustave Jaume, réussit à y faire évader une autre personne, alors qu'il prodigue des soins aux blessés.

Plaque de la gare de Pierrelatte. Photo L Lohmuller

Malheureusement, la grande majorité de ces voyageurs ferroviaires d'un type un peu particulier ne reverront plus le sol de France. Ils trouveront la mort dans les camps de Dachau et Ravensbrück.

Afin que ce terrible épisode ne soit jamais oublié plusieurs stèles, plaques et monuments ont été érigés tout au long du parcours. Car il est essentiel, même si c'est souvent difficile et émouvant, de ne JAMAIS OUBLIER...

Pour plus d'informations nous vous invitons à vous rendre sur le site "officiel" du train fantôme, particulièrement documenté.

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Les documents illustrant cet article sont issus de la collection de l'auteur (photos JL Bézet, L L)...

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25/11/2007
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