POSTES ET CHEMINS DE FER..
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Dès sa création, le chemin de fer devient l'allié du service des Postes. C'est alors un excellent moyen de transport rapide et fiable du courrier. Dès 1844, alors que l'administration des Postes se développe dans le pays, que chaque village se dote d'un bureau, que les timbres destinés à l'affranchissement des plis apparaissent, des wagons spécifiques pour le transport du courrier sont intégrés aux trains (Le premier service ambulant français circule entre Paris et Rouen en 1845). Bien entendu, ce service ne fonctionne que sur les grands parcours, le temps de voyage permettant d'effectuer le tri en route. Les trains omnibus desservent de leur côté toutes les villes des diverses lignes, comme le faisait la "malle poste" (officiellement supprimée le 4 mars 1873)... Dont le chemin de fer est le concurrent direct puis le remplaçant. Il devient alors progressivement possible de poster son courrier directement dans les gares, voire dans les voitures postales lors des arrêts et même... Dans le petit train d'Orange au Buis! Les lettres sont alors affranchies et traitées directement dans la voiture postale durant le parcours par un cachet spécial... "AVIGNON - GARE", "ORANGE au BUIS LES BARONNIES"...
Les premiers "courrier-convoyeurs station"
Sans entrer trop en profondeur dans les détails, prenons un peu de temps pour présenter cette organisation très particulière, qui fait aujourd'hui le bonheur des philatélistes marcophiles. Lorsque les compagnies de Chemin de fer et l'administration des Postes entament leur collaboration, tout est à inventer! En complément du service des ambulants qui se développe progressivement sur les "grandes" relations (le réseau ferré est encore très morcelé), la Poste crée en 1852 le "courrier-convoyeur". Cet agent des Postes qui circule dans les trains est chargé de collecter ou déposer les sacs de courrier (dépêches), de relever les boîtes de gares et de prendre en charge les lettres ou cartes qui lui sont remises en mains propres à chacune des gares de la ligne. Il appose (à partir de 1866), à proximité du timbre, un cachet particulier (au contour ondulé) comportant entre autres le nom de la station, le quantième du jour et le n° du train (le timbre est annulé en parallèle par un losange pointillé). Par "glissement", ces agents (qui doivent donc posséder par devers eux la gamme complète de tous les cachets des gares desservies) vont porter le nom de "convoyeur station".
Un cachet de "convoyeur station" sur timbre Cérès dentelé. Le courrier a été relevé en gare du Thor. Sur le parcours Pertuis - Avignon.
Un cachet de "convoyeur station". Le courrier a été relevé en gare de L'Isle sur Sorgue. Sur le parcours Pertuis - Avignon.
Un cachet de "convoyeur station". Le courrier a été relevé en gare de Cavaillon. Sur le parcours Pertuis - Avignon.
Les "courrier-convoyeurs ligne"
A partir de 1876, les règlements évoluent légèrement... Et les cachets postaux également. Les convoyeurs-station, font place aux "convoyeurs-lignes". Ces agents pour lesquels les compagnies réservent un compartiment de seconde classe dans les trains, effectuent à quelque chose près le même travail, mais les tampons dateurs changent (il en existera 4 types au fil du temps). S'ils conservent leur couronne ondulée ils comportent désormais non plus les noms des stations, mais le nom de la ligne (d'où l'évolution du nom du convoyeur et du timbre à date) sur laquelle le train circule (de terminus à terminus), ainsi que la date et divers autres renseignements. Le cachet est désormais appliqué sur le timbre lui-même qu'il annule.
Cartes et lettres ayant cheminé par voie ferrée sur diverses lignes. Les cachets postaux à couronne ondulée (ou un cachet rond + losange LM1) portant la mention du parcours attestent de ces voyages ferroviaires. Les timbres évoluent au fil du temps. Des Napoléon, des "Sage" et des "semeuses".
On note, entre autres, sur les illustrations* ci-dessous les cachets de convoyeurs-lignes pour les parcours:
- Carpentras à Sorgues
- Pertuis à Avignon
- Pertuis à Gap
- Cavaillon à Pertuis
- Apt à Cavaillon
- Cavaillon à Volx
- L'isle sur Sorgue à Orange
- Buis les Baronnies à Orange
- Miramas à Avignon
- Lyon à Marseille
- Saint-Rambert à Avignon
- Tarascon à Valence
Les "boîtes mobiles"
A une certaine époque de véritables boîtes à lettres étaient "accrochées" à des trains desservant des lignes secondaires et dans lesquelles il était possible de déposer du courrier. Ces correspondances, étaient alors munies d'un tampon à date spécifique et d'un tampon BM (Boîte Mobile). Dans l'état de mes connaissances, bien qu'il ait été possible de poster par exemple du courrier dans le train entre Le buis et Orange, je n'ai pu trouver d'oblitérations de ce type pour le Vaucluse... Peut être que certains lecteurs marcophiles pourront-ils apporter un complément d'information?
Les "bureaux gares"
Au fur et à mesure que le réseau ferré se développe, le "service" des Postes se met en place. Les gares les plus importantes es se dotent de locaux ou d'installations spécifiques pour le service du courrier afin de "soulager" les recettes principales ou locales. Les rapides déposent ou embarquent les sacs postaux lors des arrêts en gares. Le courrier y est généralement trié localement (le travail des ambulants devenu trop lourd est alors partiellement repris par des équipes sédentaires) puis réparti dans les fourgons des trains omnibus ou repris par les omnibus de correspondance routière. Progressivement on trouvera des installations plus importantes comme à Avignon avec un véritable centre de tri (maintenant abandonné... Et déplacé en ZI pour une desserte... routière!) ou Pertuis qui reçoit une petit "local des dépêches" en bois.
Un cachet de "bureau de gare". Le courrier a été relevé en gare de la Croisière le 25 avril 1872. Le timbre a été annulé par un losange avec lettres LM (ligne Lyon Marseille)
Plan de l'ancien Tri postal de la gare d'Avignon et photographie du tri moderne... Qui est aujourd'hui à l'abandon...
Timbres à date du bureau de Poste d'Avignon Gare (ou gare d'Avignon suivant les époques et formes des cachets) à diverses époques (accompagné parfois de flammes publicitaires), sur des timbres de type Napoléon (annulé avec un tampon losange à points de la ligne Marseille-Lyon), Blanc, semeuses et autres Mariannes. Les dates montrent l'exceptionnelle longévité des ce bureau (encore actif en 1988). Ci-dessous des cachets des bureaux de Pertuis sur une semeuse et Orange sur un Sage. Une carte postale portant le cachet du bureau gare d'Orange en 1913.
Evoquons ici un drame ayant marqué le rail vauclusien... L'accident survenu le 21 novembre 1899 (PV de gendarmerie A.D. Vaucluse) en gare de Sorgues. Accident au cours duquel M. Simon Richaud (27 ans, né à Sarrians) a trouvé la mort, heurté par le train "de luxe" N°21. Le rapport de gendarmerie conclut sur une imprudence de M Richaud. Il avait, semble t'il, confondu ce train rapide sans arrêt, mais légèrement en retard, avec le train qu'il attendait avec 3 de ses collègues. M Richaud, jeune marié, venait tout juste d'être nommé à Sorgues au service des postes et télégraphes. Il attendait donc en gare avec d'autres postiers l'arrivée du train pour prendre livraison des dépêches qu'il devait ensuite transporter à Vedène et Entraigues. Ayant cru entendre arriver le train, les 4 hommes sont sortis du B.V. pour se porter sur le quai. Mais, alors que ses collègues avaient eu le temps de traverser les voies, M Richaud, probablement trompé par la vitesse du train sans arrêt, a été happé par la machine, une imprudence fatale... Le personnel de la gare, les gendarmes et le docteur n'ont pu que constater les décès du malheureux, grièvement atteint à la tête.
Le chemin de fer arrive à Carpentras... Le courrier pour les grandes villes est confié au rail alors que la desserte des villages reste confiée à la route...
Les véhicules ferroviaires postaux... Les allèges et ambulants en livrée brun foncé puis jaune "POSTES". Le tri en route effectué dans un bureau ambulant (un métier pas vraiment des plus facile!) et le TGV "LA POSTE"
Dès sa création, le service des Postes des chemins de fer doit se doter de matériel spécifique. Lorsque les flux sont faibles, le courrier peut être transporté dans les fourgons à bagages voire dans un simple compartiment d'une voiture, mais si le volume de courrier à transporter est important ou/et à longue distance le transport s'effectue dans un wagon spécifique. Ainsi apparaissent les premiers "ambulants" et "allèges" postaux. Progressivement ces wagons vont voir leur dimensions se développer jusqu'à devenir des wagons à bogies... Puis, à partir des années 1980 les wagons postaux s'effacent progressivement. Le tri s'automatise dans les centres spécialisés et ne se fait plus en route. Alors de nouveaux matériels particuliers voient le jour, comme les autorails postaux et même les T.G.V. "LA POSTE" dont nous verrons le passage en Vaucluse.
Le transport du courrier c'est aussi le transport des petits colis et de la messagerie. La S.N.C.F. est également de la partie et édite alors de son côté des timbres spécifiques destinés à l'affranchissement des colis.
Dès le début des années 80, le trafic postal échappe peu à peu à la S.N.C.F. au profit de la route et du transport aérien. Les voitures postales disparaissent des trains rapides dont les arrêts en gares sont de plus en plus courts (trop courts pour la manutention du courrier puisse s'effectuer) et même la "messagerie" s'étiole, malgré une tentative de développement (Installation d'une plate-forme Express à Orange et du SERNAM dans certaines gares comme à Sorgues, maintenant disparues). Les dernières voitures postales cessent de circuler au début des années 90. Mais LA POSTE souhaite développer un "Hub" (comme il faut le dire maintenant....) pour le Sud-Est desservi par le T.G.V.. C'est finalement le site de Cavaillon qui est retenu et qui voit la construction d'une centre de messagerie en Zone industrielle. Les T.G.V. "cargo" sont reçus en gare puis acheminés jusqu'au centre de manutention où ils sont ENTIEREMENT introduits dans le bâtiment pour y être déchargés et rechargés de "conteneurs" de colis postaux.
Mais le TGV postal va cesser de circuler au début de l'année 2015
Mais le chemin de fer peut devenir aussi sujet "d'illustration" pour les timbres émis par l'administration des postes de France et de nombreux pays. Le train, ou un aspect particulier de celui-ci, comme le matériel ou les infrastructures, constituent le sujet principal de l'édition.
Il existe également, à une époque que je n'ai pu définir, des "vignettes" éditées par la S.N.C.F. sous la forme de "timbres" dentelés. Je n'ai pu découvrir comment ces vignettes, sans valeur fiduciaire, étaient accessibles au public. Elles étaient destinées, semble t'il à être collées sur les colis ou collectées sur des "cartes" ou dans des carnets "collector".
En complément des oblitérations par cachet à date, il est parfois possible de trouver sur les affranchissements des flammes temporaire, dont certaines proposées par la SNCF à titre de publicité.
A certaines occasion, des oblitérations temporaires peuvent être émises. Ce sera, par exemple, le cas en 1983 avec l'inauguration du BV d'Avignon rénové et le baptême de la rame TGV 66. En 1995 également avec le cinquantenaire des 141 R et enfin en 2004 avec une exposition de modélisme ferroviaire proposée par l'AMFA dans l'ancien centre de tri d'Avignon, sur le thème des 150 ans du rail en Avignon (peut être à d'autres occasions?). A ces occasions des flammes temporaires d'affranchissement sont apposées sur lettres et cartes postales... Dont pour la dernière, le dessin a été proposé par... votre serviteur FANAPLM84!
Je vous propose également ci-dessous d'autres oblitérations provisoires qui ne sont pas vauclusiennes et même une enveloppe pré-timbrée à l'effigie des chemins de fer Corses.
Postes, timbres et chemins de fer... Une liaison multiforme, étroite et ancienne...
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*Une mention particulière concernant les très anciennes oblitérations présentées. La plupart des illustrations proposées sont issues de divers sites internet. A mon grand regret, le prix de vente des ces pièce les place, malheureusement, hors de ma portée.
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