LES GARDES-VOIES
59
A la suite d'un attentat en Haute Savoie, le 2 septembre 1940, un premier système de garde des voies ferrées est mis en place dans ce secteur. Mais les forces armées utilisées à ces fins se révèlent peu capables et, le 26 octobre, le Secrétaire d'Etat à la guerre propose la création de "forces de police spécialement adaptées à la garde des ouvrages d'art et à la protection des transports". La S.N.C.F. donne son accord et, le 23 janvier 1941, est signée la loi portant création d'un service de gardes-voies de communication, accompagnée d'un décret portant organisation du service. La S.N.C.F. émet, le 26 mai, un avis général au personnel au sujet de cette organisation. Les gardes-voies sont déployés en Zone Libre à partir de juin. La loi du 4 août donne aux gardes, qui deviennent assermentés, diverses prérogatives. Le 15 septembre la Société Nationale diffuse une instruction générale régissant les rapports entre le corps des gardes voies et ses propres services. La loi du 28 octobre ouvre la Zone Occupée à la surveillance des gardes voies. Le 28 mars 1942, les forces des gardes-voies sont placées sous la direction du ministère de l'Intérieur. Régulièrement, la garde des emprises de la S.N.C.F. par les gardes-voies est remise en cause. Beaucoup souhaiteraient que la Société Nationale assure elle même cette tâche. Mais ses dirigeants s'y refuseront toujours, d'une part parce que cette surveillance dépend des autorités et non de la société elle même, et d'autre part parce que la surveillance d'installations ferroviaires par des agents actifs ou retraités ne semble pas réaliste, en raison même de l'appartenance de ces agents à la même entreprise que les saboteurs potentiels. Notons également que les hommes appartenant au service des gardes-voies sont peu appréciés de la population et des cheminots. Souvent assimilés à des "collaborateurs", ils y rencontrent parfois même une franche hostilité.
Le système des Gardes voies avait déjà été utilisé lors de conflits précédents ou durant les grandes grèves. Ici les gardes voies à Avignon en 1915. Pour faire échec aux nouvelles tentatives d'attentats et pour relever les éléments allemands affectés à cette fonction, à partir du 1 juillet 1943, le service des "gardes-voies" est étendu à des civils réquisitionnés qui doivent, à tour de rôle, assurer la surveillance des emprises et des voies de la S.N.C.F.. Ce service, déjà effectué depuis plusieurs mois sur la base du volontariat, par des jeunes du S.T.O. ou par les forces spéciales, devient désormais obligatoire pour tous les hommes valides d'âge compris entre 18 et 65 ans. Hormis plusieurs catégories professionnelles, les hommes habitants villes et villages distants de moins de 10 kilomètres des voies ferrées sont dans l'obligation de venir à tour de rôle passer une nuit dans les emprises S.N.C.F.. Dans un premier temps seule la ligne entre Lapalud et Avignon-sud est ainsi surveillée, mais peu à peu ce système de garde s'étend à l'ensemble du réseau. Les requis, par petits groupes, sont encadrés par des gardes-voies assermentés et armés. Il reste que l'obligation de participation au service des "gardes-voies" n'est pas bien comprise et dans tous les cas peu appréciée des populations. Elle est considérée comme une nouvelle contrainte. Beaucoup (70% environ!) tentent de s'y soustraire, et y parviennent aisément, alors que ceux qui effectuent leur tour de garde le font avec mollesse.... Il est évident que ces gardiens improvisés sont peu performants et peu enclins à "travailler" au service de l'ennemi. Par ailleurs, une garde de ce type n'est pas sans risques. Plusieurs requis civils payent de leur vie leur méconnaissance du monde ferroviaire, dont 3 tués en novembre 1943, pour n'avoir pas entendu arriver un train... Il subsiste également le risque d'être blessé ou tué en tentant d'empêcher une attaque, où de se retrouver incarcéré au retour pour ne pas s'y être opposé... Tel est le cas d'un "requis" arrêté le 16 janvier 1944, pour n'avoir pas empêché un attentat sur la ligne Avignon-Miramas...
Deux requis sont prévus tous les 300, 600 ou 1 000 mètres suivant les sections.... Les gardes sont effectuées, bien entendu, après la journée de travail, mais sont rétribuées. Il reste que les surveillants doivent souvent effectuer des marches de plusieurs kilomètres pour rejoindre leur affectation. Heureux sont ceux affectés en gare d'Avignon... Ils finissent leur tour de garde dans les salles d'attente... Pour les autres, bien souvent, la nuit se termine par un casse croûte, une discussion autour d'une tasse d'ersatz de café, voire un petit somme quand les conditions le permettent.... Il n'est pas facile de rester éveillé toute une nuit, quand il faut résister par exemple au Mistral et que l'on n'est, pour cause de restrictions, peu ou mal nourri... On comprendra aisément que ces gardes-voies ne sauront éviter, entre autres, un attentat le 30 avril 1943 à 500 mètres à peine de la gare d'Avignon, au niveau du poste V et de l'usine Vouland, à 22H30.... Les voies et traverses feront les frais de cette sortie nocturne... des maquisards.
Mais qu'auraient pu faire ces braves hommes, déjà peu enclins à prendre des risques inutiles mais, qui plus est, non armés (certains requis temporaires parmi les "meilleurs" éléments seront toutefois autorisés sous conditions à porter un fusil de chasse, à partir de 1944), démunis de tout, y compris du plus élémentaire sifflet ou de lampes électriques et mal chaussés? Dans un premier temps, les convocations préparées par la mairie sont portées au domicile des requis par 5 employés (à Avignon). Les hommes doivent alors se rendre en gare où ils reçoivent un ordre de mission écrit, précisant les attributions et les devoirs de chacun.
Les consignes sont finalement assez succinctes: Les requis ne doivent, par ailleurs, pas quitter leur poste avant d'être relevés, ni échanger leurs places ou leurs tours de garde... Finalement, les hommes n'étant pourvus d'aucun moyen de défense, il ne leur sera demandé que d'avertir en cas de découverte d'une tentative ou d'un sabotage ... Certains, prêteront main forte aux résistants... Les résultats de ces patrouilles ne semblent pas avoir été à la hauteur de ceux escomptés, quant aux requis civils ils sont bien difficiles à "réquisitionner"... Le Préfet, conscient des piètres résultats obtenus, mais aussi des difficultés rencontrées, poussé par l'occupant effectue une tournée de reconnaissance et fait mettre en place un dispositif de sévérisation. Tout d'abord, les hommes ne sont pas toujours faciles à joindre. La mairie utilise pour planifier les tours de garde une liste de recensement d'avant guerre... beaucoup de valides sont à la guerre, prisonniers, malades, sur les chantiers de jeunesse ou au S.T.O. , voire décédés. Il faut donc créer de nouvelles listes à jour, sur la base des allocations de ravitaillement. Sept employés de la mairie d'Avignon vont devoir travailler jour et nuit durant une semaine pour établir ces listes. Par ailleurs, les convocations ne seront plus apportées au domicile mais adressées par la poste sous pli recommandé. Il deviendra donc difficile d'échapper aux réquisitions. Ceux qui y parviendraient pourraient effectuer des tours de garde supplémentaires.. gratuits, voire être punis d'une peine d'emprisonnement, effectuer des gardes supplémentaires non rémunérées voire même être susceptibles d'une sanction de 15 jours de camp d'internement! Ils y perdraient également leurs droits au ravitaillement....
Les hommes doivent marcher longuement pour atteindre leur zone de surveillance... Un service automobile sera mis en place. Chaque commune devra veiller à son bon fonctionnement.
Les indemnités ne sont versées que plusieurs jours après la garde.... Elle seront versées dés le début de la mission... Les hommes payés d'avance seront donc moralement redevables.
Les hommes ont sommeil... Ils ne resteront plus immobiles, mais patrouilleront deux par deux. La marche et les discussions les tiendrons éveillés tout en avertissant les terroristes de leur présence.
Les baraques pour les garde-Voies.... Les gardes ont froid.... Des cabanes seront construites. La mise en place de telles installations est proposée le 5 octobre 1943. Les baraques seront en bois, elle mesureront 5x3.50x2.10 mètres et permettront d'abriter 25 hommes. Leur coût est estimé à 25 000 Fr.... non compris le goudron de protection de la toiture qui pourra être gracieusement offert par l'usine à gaz. Il est prévu d'en installer 5 sur le secteur Avignon Nord, 1 sur le secteur sud et 1 au dépôt. L'instauration du système des garde voies à toutes les lignes va nécessiter l'implantation de nouvelle baraques: 3 à Courthézon, 1 à Piolenc, 3 à Bolléne, 1 à la Pécoulette, 1 à Mornas, 1 à Lapalud , 4 à Orange et enfin 2 à Mondragon... Ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes financiers aux dites communes. Il est également prévu pour faire quelques économies de réquisitionner les salles d'attente des gares de Lapalud, Mondragon, Mornas, Piolenc, Bédarrides, Orange, Courthézon, Sorgues et le Pontet... Mais la S.N.C.F. s'y oppose et une nouvelle dotation de baraques est à prévoir. On en demande également pour le dépôt de Cavaillon...
Les dépôts sont par ailleurs des points encore plus sensibles que les voies, et encore plus difficiles à contrôler. Aussi, pour éviter les sabotages, souvent très "efficaces", les autorités Françaises et Allemandes prennent-elles de nouvelles mesures. Dans l'été 1943, la direction de la S.N.C.F., elle même, demande au Ministre que des gardes soient déployés dans ses dépôts. Comme pour les pleines lignes, la Société Nationale se refuse à faire effectuer ces actions de véritable police par ses agents. Les grues de relevage, particulièrement visées par les actions de la résistance, font également l'objet d'une surveillance spéciale, notamment lors de leurs déplacements.
En complément aux gardes civils, un dispositif militaire est utilisé en renfort dans certains circonstances particulières. Tel est le cas, entre les 16 et 20 septembre 1943, où un plan de destruction "massif" semble programmé et où des renforts de gendarmerie et de police sont dépêchés sur les lieux: 3 agents sont placés prés du compresseur de Fontcouverte, 3 au dépôt, 4 gendarmes sont mis en faction en gare d'Avignon, 4 à Sorgues, 2 à Courthézon, 4 à orange, 2 à Mornas, 2 sur le viaduc d'Orange... A partir du 23 octobre 1943, la garde des voies est étendue à la ligne de Pertuis entre 18 H et 6 h puis, après le 16 janvier 1944, des patrouilles de gendarmerie circulent entre Orange, Carpentras et Cavaillon.... Il est à noter que de nombreux civils sont employés à la garde de trains stationnés dans les gares.
Les ordres de réquisition sont nominatifs... En l'occurence la même personne a été réquisitionnée 6 fois en quelques jours à peine...
Malgré tous ces efforts, les gardes voies civils et militaires français ne parviendront aucunement à arrêter les actions de destruction des voies ferrées. En désespoir de cause, l'armée Allemande finit par assurer elle même la surveillance, à partir de mai 1944, entre Lapalud et Avignon et entre Avignon et cheval-Blanc puis, à partir de juin, sur l'ensemble du réseau. les requis civils ne sont alors plus utilisés que pour l'entretien et la réparation des voies et ouvrages. Certains sont ponctuellement "utilisés" pour la garde de points sensibles le 15 septembre 44. Le paiement des gardes voies est arrêté au 31 août 1944. De nombreuses demandes de régularisation sont adressées en 1945, par des requis n'ayant pas reçu leur solde. Quant aux baraques, elles sont peu à peu démontées après la libération pour être réutilisées par la S.N.C.F., ou souvent "pillées" par les riverains en manque de matériaux pour la reconstruction.
Revenons quelque peu sur les rudes conditions des requis à la garde des voies de communication.
Comme nous l'avons vu, les hommes qui doivent effectuer une garde le long des voies ferrées, sont particulièrement exposés, que ce soit aux éléments ou aux circulations ferroviaires. Ils doivent, durant de longues périodes, faire face, seuls le plus souvent, au froid, à la peur, à la faim. Il arrive quelquefois que les gardiens soient "oubliés" sur le ballast par la relève. Ils doivent alors rester à leur poste parfois plus de quinze heures d'affilée, sans pouvoir se réchauffer ni se nourrir! Certains sont convoqués très, trop, fréquemment. Ils effectuent des tours de garde tous les 15 jours. Sans parler de l'éloignement entre la résidence et le lieu d'affectation qui oblige les hommes à de longs parcours d'approche, à pieds ou en bicyclette, qu'ils effectuent parfois à leurs risques et périls le long des voies ferrées. Quant au paiement des heures effectives de garde il faut souvent attendre plusieurs semaines pour l'obtenir...
Si beaucoup échappent à la réquisition à cause de leur métier, nombreux y parviennent grâce à des certificats de complaisance fournis par des médecins un peu conciliants... Ces faits ne vont pas sans créer un fort sentiment d'injustice chez ceux qui prennent effectivement la garde. Les communes se plaignent également du manque de "justice" dans l'organisation des réquisitions; tel village se doit de "fournir" plus de requis que telle ville plus importante. Les entreprises industrielles se plaignent également, auprès du Préfet, du manque de personnel pour faire tourner les ateliers. Après une nuit de garde, beaucoup d'ouvriers ou de contremaîtres ne peuvent assumer leur emploi au petit matin...
Il arrive parfois que les hommes envoyés pour surveiller les installations soient "repoussés" par des patrouilles allemandes... et se trouvent, de fait, portés manquants lors du passage des contrôleurs.
Nous l'avons vu également, les requis n'effectuent pas toujours leurs tours de garde avec la bonne volonté nécessaire. Plusieurs d'entre eux sont surpris en train de dormir qui dans un wagon sur une voie de service, qui dans une cabane de cantonnier, qui même dans la salle d'attente d'une gare. Comment le leur reprocher quand à l'extérieur le vent souffle fort... Quoi qu'il en soit ceux qui sont surpris dans de telles conditions sont requis pour un ou plusieurs tours de garde supplémentaires ... gratuits. Ils risquent la privation de leurs droits de ravitaillement, voire des peines de prison ou pis encore. Notons que certains requis sont soupçonnés d'agissements hors la loi... Des poteaux kilométriques et des madriers et traverses disparaissent nuitamment prés de Mondragon. L'enquête de gendarmerie ne permet pas de retrouver les matériaux en question ni de confirmer la culpabilité des gardes-voies de faction ce jour là... Peut être que finalement ils n'étaient pas présents sur les lieux... dans tous les cas, le bois dérobé à certainement servi de combustible. Notons enfin que la baraque du P.K. 692.500 (près du pont du Lauzon) est ravagée par le feu le 17 avril 1943. Les hommes qui l'occupaient durant la nuit avaient vraisemblablement oublié d'éteindre les braises en quittant leur poste de guet.
Mais, pour autant, ces conditions de vie ne constituent pas la partie la plus problématique de la garde des voies ferrées.
Il est facile d'imaginer que faire intervenir des civils non formés, ni même informés sur les risque inhérents au chemin de fer, est un puissant générateur de risques. Veiller le long d'une voie ferrée, alors que l'on est engourdi de froid ou de sommeil représente un danger potentiel important. Plusieurs hommes vont payer le prix fort leur inexpérience ferroviaire. Parmi eux, M V.S., de Sorgues, est tué le 9 juillet 1943 à 200 mètres de la gare. Il s'y rendait pour y prendre son tour de garde. Pour aller plus vite, il avait choisi de passer par les voies plutôt que par la route. Il est tué net par un train qu'il n'avait pas aperçu, sa bicyclette à la main, alors qu'il traversait les voies... Il est à noter qu'en cette période, à la demande de la défense passive, les machines ont leurs feux occultés... Il est donc très difficile de voir arriver les convois. Par comble de malchance, M V.S., n'ayant pas encore "officiellement" pris sa garde et ayant volontairement commis une imprudence, sa veuve ne recevra pas d'indemnités!
Le requis A.D. trouve également la mort à Avignon en 1943... Il est trois heures du matin, le train de passage le fauche alors qu'il est assis sur le ballast... A C subit le même sort, le 7 mars 1944, entre Sorgues et Bédarrides...
Le 18 octobre 1943, P. C. est heurté, au passage d'un train, par la porte d'un wagon restée ouverte, alors qu'il est de faction au pont de l'abreuvoir à Cavaillon. Il est violemment jeté au sol et souffre de multiples contusions. Le 8 décembre, P. G., surpris par un train, est tué près du pont de Bonnaventure (Avignon). Le 9 décembre, le requis A.G. est heurté par le train SF 832 en gare de Sorgues où il trouve la mort. M T.J. est tué par un train à Fontcouverte le 26 avril 1944.... et bien d'autres.
Certains sont plus chanceux, comme le garde qui, le 10 novembre 1943, sur la ligne d'Orange à Carpentras se laisse surprendre par le train venant de Carpentras. Il roule à bicyclette sur la piste le long des voies et n'a pas entendu arriver le convoi, car le mistral souffle très fort. Surpris au dernier moment il réussit à sauter dans le fossé au moment même où la machine broie impitoyablement son deux roues... Un outil bien utile en ces périodes que l'homme aura certaines difficultés à se faire remplacer. Dans la nuit du 7 au 8 juin 1943, 4 assiettes sont projetées par la porte de la voiture restaurant du train 60, qui passe en pleine vitesse prés de Bollène... Les assiettes viennent se fracasser sur le garde A.B. en faction qui est sérieusement blessé. Le 21 août 1943, C.R. est blessé à Caderousse.
C G, tombe dans le cuvelage du pont tournant au dépôt d'Avignon, le 20 février 1944. Les chutes sont fréquentes chez les requis, surtout ceux travaillant dans les dépôts, où se trouvent de nombreux ponts tournants et des fosses qu'il est difficile de déceler dans l'obscurité... L.B. chute dans l'une de ces fosses de visite, le 28 avril 1944. Il est 4 H 40 du matin, l'obscurité est profonde... La garde des ponts n'est pas non plus sans danger... la nuit. E. G., qui doit surveiller l'ouvrage sur le Coulon prés de Cavaillon... chute dans la rivière après avoir semble-t il été victime d'un malaise... Le 2 mars, P M. est blessé sérieusement au bras... il doit être amputé du membre. Le 18 mars P. S. est happé par une loco qui circulait Haut Le Pied. Il est blessé au coude, mais heureusement, son membre est sauvé au prix d'une certaine invalidité. A. D. est, lui aussi touché par une machine, alors qu'il garde les voies prés du pont des deux eaux. Il est sérieusement blessé. Plus étonnant le cas de R. C. qui est blessé... par balle, au moment où il quitte son poste à Fontcouverte! Le projectile a été tiré par un revolver, mais l'auteur du coup de feu n'est pas retrouvé. Attentat manqué ou règlement de comptes??
Pour les gardes diurnes, des requis permanents du S.T.O. sont utilisés. Ils vont de leur coté payer un lourd tribu aux opérations de bombardement de 1944. Le 27 mai 1944, le jour du premier bombardement du dépôt, MM G. C, J. P., P. D. et L. T. sont tués à leur poste, N. G. et J.G. y sont blessés, alors que L.D. est porté disparu. Les hommes sont également réquisitionnés pour assurer le débroussaillage des voies ferrées et installations ferroviaires. Ces missions peuvent se dérouler sur plusieurs jours.
Toute cette activité nocturne n'est donc pas des plus simples pour l'ensemble des protagonistes. Rien ne sera simple non plus à la libération pour les hommes ayant été blessés en mission ou ayant contracté des maladies pulmonaires dans le même contexte... Il sera difficile pour les ex gardes-voies d'obtenir des indemnités au titre d'accident du travail et de nombreux dossiers devront être défendus par des avocats. De nombreuses réclamations relatives au non paiement par les autorités d'occupation des journées de réquisition au débroussaillage, sont également visibles dans les dossiers des archives départementales. De nombreux requis ont du attendre 1946 et faire de multiples démarches pour obtenir enfin, la simple rémunération qui leur était dûe...
En voir ou en savoir +? 1 clic ! Autres articles.
Autres sites.
Retrouvez tous les liens proposés dans ce blog sur le fichier "liste des liens".
Hé, hé!!! n'oubliez pas de poster votre commentaire ici!! Ce serait sympa, merci.
Les documents et photos illustrant cet article sont issus de la collection de l'auteur et AD Vaucluse...
- S'assurer dés l'arrivée sur les lieux que les voies sont libres, non détériorées ou exposées à une détérioration due à la présence d'explosifs;
- Circuler constamment et surveiller attentivement la voie ferrée et ses abords.
- Interdire la circulation sur la voie de toute personne étrangère à la S.N.C.F. ou aux services de police.
- Prendre l'identité de toute personne rencontrée sur la voie ferrée, même des agents S.N.C.F.
- Surveiller particulièrement les ouvrages d'art, les points sensibles et les points d'aération des souterrains.
- Dans le cas d'une tentative de sabotage, s'y opposer par tous les moyens et déclencher l'alerte par l'intermédiaire des autres équipes jusqu'au poste block ou la gare la plus rapprochée.
- S'abstenir de circuler dans les souterrains par mesure de sécurité et surveiller seulement les têtes de ces ouvrages.
- N'allumer aucun feu sous peine de sanctions sévères.
- Rendre compte de leur mission à l'agent de la garde des communications de service à la gare de rassemblement.
Le 25 juin, C.G. est tué lors d'un raid aérien alors qu'il se rendait à Montfavet pour garder les voies.
Le 2 août 1944, A.B. a une jambe déchiquetée par l'explosion d'une bombe au dépôt. Il doit être amputé. Il perd également la vue d'un oeil. Monsieur A.B.B. est blessé le 8 août 1944, vers 11 H 30 lors du bombardement du dépôt. Atteint sérieusement à la jambe il séjourne 6 mois à l'hôpital...
Le 8 août, C. M. est blessé sérieusement au thorax lors d'un bombardement du dépôt alors que V.P. et J.T. trouvent la mort prés du poste V d'Avignon...