LES CHEMINOTS A L'HONNEUR..
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A de très nombreuses occasions les Hommes du rail ont su se distinguer de par leur courage ou leur abnégation. Que ce soit durant les guerres, au sein de la résistance, au moment de catastrophes spectaculaires comme le terrible déraillement de Bollène, ils ont toujours su faire face avec force et honnêteté. Mais c'est aussi au quotidien que se mesure la qualité des Hommes... Faire circuler jour et nuit, tous les jours de l'année, quelles que soient les conditions atmosphériques, des trains en toute sécurité réclame de chacun un engagement total... Quel que soit leur grade ou leur métier, ils ont parfois été mis à l'honneur...
Quand les cheminots Vauclusiens sont mis à l'honneur...
Le 30 mars 1929, M Florentin Gigon est grièvement brûlé alors qu'il conduit le train 104 bis. Malgré la gravité de ses blessures, il conduit son train jusqu'à Avignon. Il est cité à l'ordre du réseau pour son courage. En 1929, encore, la gare de Sarrians-Montmirail est primée au concours de gares fleuries et M Jean Fabre, du dépôt d'Avignon, est récompensé au concours de apprentis les plus méritants du PLM. .
Messieurs Arthur Robert (Brigadier de manutention) et Jules Guidet (homme d'équipe) à Avignon, sont récompensés par la société de bienfaisance "l'assistance aux animaux" pour leurs soins aux animaux utilisés en gare pour les manutentions.
Dans la nuit du 3 décembre en gare de Pont d'Avignon, J. Lourdin, J. Comy, E. Cietzen (surveillants en gare d'Avignon), L. Martin (Homme d'équipe à Pont d'Avignon) font la chasse à une bande de malfaiteurs armés qui commettaient depuis quelque temps des vols dans les fourgons du train 4927, pendant son stationnement dans cette gare. Ils permettent par leur action (qui leur vaut une citation à l'ordre du réseau) l'arrestation de l'un des voleurs.
En 1930, Jean Bouisse du dépôt d'Avignon reçoit un diplôme au concours des apprentis.
Le 23 février 1931, Eugène Gietzen, surveillant de ronde à la gare d'Avignon, se précipite avec courage sur un voleur en train de se servie dans le hangar de la Petite Vitesse. Il est blessé à la main gauche par un coup de pistolet tiré par le voleur se sentant pris. Un acte courageux qui lui vaut une citation à l'ordre du réseau. René Sirvent (homme d'équipe à Avignon) et Jambers Arnould (cantonnier à Orange) sont est cités pour actes méritoires (sans autre précision sur lesdits actes)
En 1933, Adrien Delaigle, Chauffeur de route du dépôt d'Avignon est cité à l'ordre du réseau pour un acte courageux ayant évité une grave collision. Maurice Roche (sous-chef de manœuvre à Avignon) est également cité pour acte méritoire. Michel Vincent (facteur mixte à Aubignan-Loriol) est cité pour acte de probité.
En 1934, 2 cheminots Avignonnais sont cités à l'ordre du P.L.M. pour leur participation exceptionnellement active au travaux de relevage du matériel, suite au déraillement en gare du train Suisse-Méditerranée. Il s'agit de MM P Lambert et A Goy. M C Pouzol (homme d'équipe à Avignon) est également cité pour acte méritoire. Quant à L. Léopold (homme d'équipe à Cavaillon), J. Aiglon (surveillant à Avignon) et J. Gerbaud (homme d'équipe à Carpentras), ils sont cités pour acte de probité. C. Giffon (garde à Courthézon), E. Debon (homme d'équipe à Cavaillon), A. Eschalier (Facteur enregistrant à Mérindol) sont cités pour actes méritoires.
Fin 1935 des intempéries importantes provoquent des inondation importantes dans la région d'Avignon qui perturbent fortement les circulations. Les agents des divers services sont cités collectivement à l'ordre du réseau pour leur dévouement et leur zèle... A. Berout (Vagonnier à Cavaillon), M. Valette (chef de train à Avignon) ainsi que Madame L. Blanc (Garde Barrière à Apt), sont cités pour actes méritoires.
En 1936, M. Faravel, chef de canton à Cavaillon et L. Monnet (garde de la voie déjà cité en 1932 et 1933!) sont cités dans le bulletin de la Cie., pour actes méritoires (sans autre précision...). En 1936, R Lesme, vagonnier et M Gabellon manœuvre à Avignon, sont cités pour acte de probité et acte méritoire. Dans les années 30 le bulletin du P.L.M., reflet du paternalisme de la Cie., propose à ses lectrices, épouses dévouées de cheminots, de publier des photographies de leurs enfants... Ainsi, en mars 1936, y découvrons nous la photos d'un gentil bambin... Paul Thome.
En 1937 M Teyssier de L'isle/Sorgue sauve une personne âgée imprudente.
En 1937, encore, M et Mme Bégou (cantonnier et garde barrière à Cavaillon) parviennent à éviter un grave accident, alors même que M Bégou était en congés. Cet acte courageux leur vaut citation dans le bulletin P.L.M., mais il semblerait que la Cie soit un peu misogyne... Car seule la photo de monsieur apparaît dans la revue... MM G. Pons, (homme d'équipe à Carpentras), J. Comy (homme d'équipe à Avignon), E. Debon (homme d'équipe à Cavaillon) et H. Ruchon (contrôleur à Carpentras) sont cités pour acte de probité. X Faravel (chef de canton à Cavaillon) est cité pour acte méritoire.
En décembre 1939, A Veyrac, ouvrier ajusteur au dépôt d'Avignon, mobilisé dans l'artillerie marine côtière, reçoit le premier prix au concours de modèles réduits organisé à la base de Toulon, avec un sous marin... Ce modèle, entièrement réalisé à la main, est fonctionnel!
M Veyrac et son sous marin...
En 1942, Edmond Davanier, homme d'équipe avignonnais est cité pour avoir porté secours à un voyageur imprudent tentant de monter dans un wagon à contre-voie. L'année suivante c'est le chef de gare de Mérindol, M Meyran qui sauve in-extrémis un vieillard engagé sur la voie au moment où il allait être atteint par un wagon. Des actes courageux valant citation à leurs auteurs.
L'après guerre...
Afin de relancer la "machine" S.N.C.F., meurtrie au sortir de la guerre, de nombreux concours ont été proposés tant par l'entreprise que par l'organe de presse des cheminots "La Vie du Rail - Notre métier/notre foyer", visant à récompenser les hommes ou les équipes les plus méritants. "Belles marches", concours des gares fleuries, Louis d'or de l'amabilité, concours du "plus beau poireau", citations à l'ordre de l'entreprise... etc..
En 1946, E. Paturel (CFRU à Avignon) ainsi que son épouse sont décorés de la croix de guerre avec étoile de bronze pour leur participation active dans la résistance.
En juin 1949, M V Susini, chez de train principal à Avignon, sauve de la noyade un enfant de 17 mois tombé accidentellement dans la Sorgue. Un acte extrêmement courageux qui est cité dans la revue Notre Métier.
Le 7/09/1951, Monsieur M Aubert, d'Avignon, sauve une personne de la noyade dans le Gardon. Bien que cet acte courageux n'ait pas eu pour cadre les emprises ferroviaires proprement dites, il vaut à son auteur une citation à l'ordre de la S.N.C.F..
20 mai 1952, sous la verrière de Lyon Perrache, la 231 G 177 en tête du train 552 attend le départ pour Avignon. L'équipe Dubost-Klie d'Avignon s'affaire dans la cabine. Les derniers passagers embarquent. Le mécanicien, régulateur en main, se penche au dehors pour apercevoir le geste du chef de gare. Mais rien ne se produit. Le signal de sortie reste fermé. Quelques passagers profitent de ce petit surplus de temps pour bavarder encore un peu, penchés aux fenêtres. Dans la machine la tension monte. Les soupapes "chantent", l'équipe s'impatiente. 3, 5, 7, 10, 13 minutes de retard!! Pour les passagers ceci ne sera pas très important. La S.N.C.F. met un point d'honneur à faire arriver ses trains à l'heure! Les deux "gueules noires" en connaissent déjà le prix à payer en sueur. Enfin libérée la machine enlève la rame du quai. Les mouchoirs et les bras s'agitent encore un peu aux fenêtres des voitures. Le convoi cahote sur les aiguilles, puis franchit le pont sur le Rhône, la gare de la Guillotière et commence enfin à s'élancer. Pour l'équipe de conduite l'interminable travail vient de commencer. Pas de chance. Non seulement le train est déjà en retard mais il est cette fois surchargé de 199 T. Masse totale du convoi 749 T et 13 minutes à rattraper! Le mécanicien ouvre le régulateur, alors que le chauffeur s'active au feu, le corps déjà couvert de sueur. La Pacific donne sa pleine puissance. Feyzin, Chasse/Rhône, le paysage défile. Vienne, un T.I.V. (Tableau Indicateur de Vitesse) ralentit le convoi pour des travaux sur voie. On peste sous l'abri! Ce ralentissement va coûter au moins 3 mn supplémentaires! Puis le train reprend sa course contre la montre. Hommes et machine travaillent de concert pour "grignoter" peu à peu, seconde par seconde, les minutes perdues... Alors que les passagers ignorant la peine des hommes de la machine lisent ou regardent défiler le paysage. Arrêt à Valence, puis reprise de la traction. Le foyer est aveuglant. La chaudière "au timbre", le chauffeur alterne pelle et ringard. Montélimar, Orange, Sorgues, puis enfin Avignon. Malgré une conjonction de mauvaises circonstances, le convoi s'arrête à quai avec à peine 4 minutes de retard sur l'horaire! La machine est dételée. L'équipage peut rentrer au dépôt, fier de la tâche accomplie, qui finalement est presque un exploit quotidien.
Le brigadier F. Mourou se distingue en gare d'Avignon, le 2/04/1953. Il sauve de justesse, au péril de sa vie, une personne âgée traversant les voies qui aurait été impitoyablement écrasée par le train 54 entrant en gare.
Une autre "belle marche" est effectuée par l'équipe Haffner-Guéraud de Marseille la Blancarde (241 P 12). Dans la nuit du 3 au 4/02/1954, le train 55 (15 véhicules 673T) quitte Paris gare de Lyon, par un froid sibérien avec 66 minutes de retard! Jusqu'à Lyon Perrache, la traction électrique permet de ramener ce retard à 20 minutes. Puis les tractionnaires "vapeur" prennent le relais. Finalement le convoi entre en gare d'Avignon à l'heure normale. Mais l'équipage n'en termine pas pour autant son ouvrage et conduit le train à son terminus de Marseille...
Une Mountain entre en gare d'Avignon
Les cheminots sont à l'honneur au corso de Pertuis en 1955. Depuis plusieurs années, le personnel du dépôt de Pertuis se distingue par l'originalité des chars fleuris à thème ferroviaire qui sont présentés au public. En 1952, est proposé le "TRAIN 1900". C'est un char qui ne demande pas moins de 30 000 roses pour sa décoration. En 1953 c'est la "MICHELINE des PLAGES" qui défile dans les rues. L'année suivante la "GARE de DOM CAMILLO", fait l'émerveillement des spectateurs. Enfin "l'ECOLE des MOUSSES", sujet sur la coordination rail/mer, vaut à la sympathique équipe de bénévoles un important encart dans la presse locale.
Si les accidents du travail restent fréquents à cette fin des années 50 et toujours spectaculaires, il faut pourtant relativiser eu égard au nombre d'employés et aux technologies mises en œuvre. Quotidiennement des hommes côtoient des engins de plusieurs dizaines de tonnes évoluant à des vitesses souvent élevées, par tous les temps, jour et nuit. Mais nombre de ces accidents auraient pu être évités. Aussi l'entreprise, appuyée par le magazine corporatif "LA VIE DU RAIL", lance dans le courant des années 50 une formidable campagne de prévention et de sensibilisation. Il faut faire disparaître toute trace des années de guerre qui ont entraîné un relâchement de la vigilance.
Très spectaculaire, le 25/06/1955, un train de marchandises venant de Miramas (63 wagons, dont plusieurs de produits pétroliers!) déraille en gare de Montfavet et prend feu. Dans la collision les wagons s'enchevêtrent et 5 remplis de pétrole s'enflamment. L'incendie est particulièrement violent. Les flammes sortent des soupapes de sécurité des citernes. Sous l'effet du rayonnement, il s'étend au bâtiment de la gare et détruit partiellement le B.V.. Les sapeurs pompiers doivent sauver une personne âgée et infirme de la famille du Chef de gare, logeant à l'étage. Deux cheminots parmi beaucoup d'autres courageux, n'hésitent pas, au péril de leur propre existence, à s'approcher au plus prés des flammes pour dételer une partie des wagons citerne et les éloigner du foyer, évitant ainsi une propagation des flammes à ces véhicules. MM C Ehrhard et G Poize reçoivent une citation à l'ordre de la S.N.C.F. pour fait de service. Plusieurs corps de sapeurs pompiers sont engagés (Avignon, Montfavet et Orange). Le sinistre est maîtrisé vers 16 heures après une lutte d'une heure 1/2. Plusieurs sapeurs sont brûlés aux mains, aux yeux et au visage, mais sans gravité.
La gare de Montfavet
Dès mars, l'équipage de la 141 R 1005 (MECRU René Auribau, CFRU Louis Chevalier d'Avignon) alors qu'il assure la traction d'un train sur la rive gauche du Rhône se trouve confronté au déraillement de la machine et de plusieurs wagons, provoqué par un éboulement au P.K. 638,9. Bien que choqués et blessés, les hommes n'en perdent pas pour autant le sens du devoir. Alors que l'un d'eux hèle un automobiliste de passage pour lui demander d'aller donner l'alerte, l'autre se hâte au devant du train 5653. Il faut impérativement l'arrêter avant que ne se produise une terrible catastrophe. Un événement assez étonnant se déroule en avril en gare d'Avignon Champfleury. M Pascal fait une chute en moto sur le chemin de Courtines... Un fait divers somme toute assez courant n'ayant à priori rien à voir avec le monde ferroviaire... et pourtant... Alors qu'un mécanicien effectue des manœuvres Haut Le Pied il aperçoit depuis son poste de conduite la chute de l'homme... Qui ne se relève pas. Sans plus attendre le conducteur de la locomotive arrête son engin et court porter secours au blessé. Mais l'état du malheureux semble préoccupant et le lieu est plutôt désert. Voila que le mécanicien relève le blessé et le "monte" sur sa machine. Il le conduit ensuite, installé sur le tender, jusqu'en gare où une ambulance est venue prendre le relais pour ce sauvetage plutôt inattendu...
Une Mikado 141 R
Un bel acte d'organisation et conscience professionnelle est réalisé en gare d'Avignon. Quelques heures avant son entrée en gare d'Avignon, le train 1 "MISTRAL" prend le départ en gare de Lyon Perrache. En tête la 241 P 20 (Biscarrat-Bruyère). Quelques centaines de mètres plus loin, une conduite de vapeur se rompt entre locomotive et tender. Elle est définitivement hors d'usage. Cette conduite sert à alimenter le moteur du stocker qui, de fait, s'arrête tout net. Après examen de l'avarie l'équipe de conduite décide, pour ne pas retarder le train, de continuer sa route. Il faudra assurer la chauffe de façon manuelle. C'est une manœuvre particulièrement difficile et surtout très "physique" eu égard à la voracité de l'engin. Le train poursuit ainsi sa route jusqu'à Valence. L'équipe y fait prévenir le dépôt d'Avignon de sa situation. Le convoi repart. Alors qu'une course contre la montre s'engage dans la cité papale. Le visiteur Chambon prend l'affaire en main au dépôt. Il fait démonter une conduite sur une machine en cours de réparation. Equipé de l'outillage nécessaire il se rend en gare attendre le MISTRAL. Il est suivi toutefois d'une machine de réserve, "au cas où". Lorsque le rapide entre en gare, à l'heure, la conduite avariée est remplacée en deux minutes et demi! le MISTRAL peut poursuivre son voyage sans même avoir accusé le moindre retard et sans même que les voyageurs aient pu s'apercevoir de cette formidable organisation.
Le MISTRAL à Avignon.
Autre exemple de conscience professionnelle à l'actif du Chef de Traction Fourtoul d'Avignon. Accompagnant le train 6582, il fait arrêter celui-ci en gare de l'Ardoise. Il avait décelé un chauffage anormal sur l'une des boîtes d'essieux d'un wagon de produit inflammable. Cette vigilance aura certainement permis d'éviter une catastrophe comme celle de Montfavet que chacun avait encore en mémoire. Mais la conscience professionnelle n'est pas l'apanage des "roulants". La gare de Bollène la Croisière, reçoit le premier prix de présentation commerciale des gares pour... Sa bonne organisation, son excellent accueil du public et... Ses jardins. En 1956, M Gabriel Jouve, ancien ouvrier spécialisé du dépôt d'Avignon est nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Mai 1958, MM Pierre Robert, commis aux bagages et Albert Noérie, surveillant en gare, employés tous deux à Avignon, reçoivent le louis d'or de l'amabilité.
En janvier 1960, une vague de froid s'abat sur le Vaucluse. Le mistral est chronométré à 220 km/h au sommet du Ventoux! Des chutes de neige importantes perturbent la vie et la circulation. L'Ouvèze est partiellement prise par les glaces à Bédarrides! Si se produisent une multitude d'accidents de la route, souvent tragiques ou pour le moins spectaculaires, il faut précisé que le chemin de fer n'a pas été arrêté par les conditions météorologiques. Grâce encore une fois au travail acharné des cheminots de la voie s'employant à déneiger et à dégager les aiguillages pris par la glace les circulations sont un peu retardées, mais pour la plupart assurées. Le rail aura fait preuve, s'il en était besoin, de sa puissance et de sa fiabilité par opposition à la route. On note toutefois un accident en gare d'Avignon P.V., le 15 janvier. Le mauvais temps a fait dérailler un train, dont le tender de la locomotive et un wagon citerne se couchent.
En 1961, deux cheminots Vauclusiens sont mis à l'honneur dans les pages de La Vie du Rail. Cette fois ce n'est pas pour un acte de bravoure ou de conscience professionnelle, mais.... pour la taille des légumes qu'ils ont présentés au "jeu du plus gros poireau". Cet aimable concours, créé par "le jardin du cheminot", est destiné à récompenser les jardiniers émérites... Avec photo des productions exceptionnelles à l'appui. Mme Rose Garnier, Ex garde barrières à Carpentras est primée pour une citrouille de 45 kgs, de 1.83 mètre de diamètre! M Saudron, chef de brigade de manœuvres au dépôt d'Avignon est mis à l'honneur pour un superbe chou de 6 kgs! Le jardinage est une passion ancienne chez les cheminots qui cultivent souvent de petits jardinets juxtaposés... les fameux jardins cheminots. En 1963 c'est monsieur André Hurard du Pontet, qui est récompensé au concours du plus beau poireau, pour des tomates de 570 et... 870 grammes. Max Bagnol de Jonquières l'est pour des grappes de raisins de 35, 43 et 50 cm dont la plus lourde pèse 1,800 Kg! M Bagnol aime aussi les fleurs et se voit encore cité pour l'obtention de chrysanthèmes de 23, 25 et 27 centimètres de diamètre... M Raoul Clavel d'Avignon récolte 4 poires exceptionnelles, d'un poids total de 3,575 Kg. Quant à M René Miolland d'Avignon également, il est récompensé pour deux salades "géantes" de 2.450 Kg et 1.950 Kg.
Nous pouvons encore noter qu'en 1963, grâce aux efforts renouvelés de tous les agents, les premiers prix de "présentation commerciale des gares " sont décernés aux établissements Avignonnais et Sorguais (première catégorie pour Avignon, 3éme pour Sorgues). Il en sera de même en 1975 pour la gare de Sorgues. C'est M. Chabaud, le chef de gare de cette époque, qui reçoit le prix lors d'une cérémonie organisée le 21 décembre. Ces prix étaient alors décernés aux établissements faisant preuve d'imagination en matière d'accueil, d'information, et de service au public.
En 1964, encore, deux incidents plutôt bénins auraient pu se transformer en véritables catastrophes. Le 9 juillet, une passagère tente de prendre le train 21 en marche en gare d'Avignon. Sa manœuvre, pour le moins périlleuse, n'aboutit pas au résultat escompté. La passagère ayant manqué la marche se retrouve rejetée et allongée sur les tampons, ne pouvant se sortir de cette inconfortable situation à cause de la vitesse déjà prise par le convoi. C'était sans compter avec le courage et la présence d'esprit d'un homme d'équipe présent sur le quai, M Paul Brès. Au péril de sa propre existence, il se lance au secours de la malheureuse, réussissant on ne sait trop comment à la tirer de cet embarras et même à lui permettre de pénétrer à l'intérieur de la voiture. Cet acte héroïque vaut à son auteur une citation pour fait de service à l'ordre de la S.N.C.F..
La S.N.C.F. est une formidable entreprise, forte de plusieurs milliers de cheminots, représentant un nombre incalculable de métiers et spécialités. Beaucoup de ces hommes, œuvrant quotidiennement sur le matériel ferroviaire, savent trouver de multiples astuces visant à améliorer le service, faciliter le travail de chacun, fiabiliser toujours plus le matériel. Pour ne rien perdre de ces inestimables "inventions" l'entreprise organise chaque année un concours de "suggestions" ouvert à tous les agents. Concours récompensé par des prix variant suivant l'originalité de la proposition ou l'impact économique apporté par celle ci. C'est ainsi qu'au concours de l'année 1965, M Marc Pélacuer, ouvrier professionnel de première classe au poste d'entretien d'Avignon, reçoit des mains du directeur général de la S.N.C.F. le troisième prix. Ce prix lui attribué pour une suggestion visant à améliorer la sécurité sur les remorques d'automotrices ZR 27200, et à limiter les risques d'incendie liés à certains dysfonctionnement du système de chauffage autonome. Une suggestion qui sera appliquée sur l'ensemble du matériel concerné...
Le 23 décembre, quelques jours avant la fin de cette année 1965, des travaux de renouvellement des voies sont réalisés en gare d'Orange. Mais alors que les engins travaillent sur la plate forme du rail prés de l'ancien quai militaire, un objet inattendu est mis au jour... Ce n'est ni plus ni moins qu'un obus de gros calibre, enfoui là depuis plus de vingt ans! Vestige d'un train de munitions tombé en détresse lors des combats de 1944, il conserve pourtant encore intactes ses facultés meurtrières! Le chantier est immédiatement arrêté, mais le danger reste élevé. M Germain Namin, chef de canton de 1ére classe, n'hésite pas. Après avoir fait placer ses collègues à une distance respectable, il s'approche de l'objet menaçant puis entreprend de le dégager de sa gangue de terre. Après quoi il le transporte dans une zone suffisamment éloignée pour que, dans l'attente des démineurs, plus aucun risque ne subsiste pour les usagers ou les cheminots. Il était temps, un train de citernes entrait en gare sur la voie contiguë. Un acte pour le moins courageux qui vaut une citation à l'ordre de la S.N.C.F. bien méritée. Il est à noter que cet agent avait été durant la guerre, résistant déporté, utilisé par l'ennemi... au déminage des bombes larguées sur les villes allemandes.
L'année 1966 est riche en "récompenses" et événement divers en Vaucluse. Un jeune garçon, devient durant quelques heures, une vedette bien malgré lui en gare d'Avignon. Le 9 avril le Paris Vintimille entre en gare. Un garçonnet descend d'une voiture sous les crépitements de flashes. Au début de février ce jeune homme de dix ans avait dû quitter sa famille et son village de Malaucène, pour la capitale où il devait subir une très grave opération. Intervention à cœur ouvert qualifiée par les médecins "d'opération de la dernière chance". Grâce à une chaîne de solidarité mise en place par les cheminots l'enfant a pu effectuer le voyage dans les meilleures conditions possible. Il a pu recevoir, toujours par le rail, du sang expédié en colis express; précieux liquide nécessaire durant l'acte chirurgical (expédié le 7/2/66 après une collecte spéciale ayant attiré plus de 500 volontaires. Cinq containers réfrigérés ont été expédiés par le service des colis express de la gare d'Avignon). Un dénouement heureux pour une belle histoire... Courant mars, le palmarès de la VII éme campagne "pour fleurir la France" est proclamé officiellement. Cette opération créée sous l'égide du commissariat général au tourisme vise à récompenser les communes, les particuliers, les gares et autres établissements publics ayant accompli un effort méritoire en terme de décoration florale. Chaque année de nombreux établissement de la S.N.C.F., des plus humbles aux plus modestes, gares, maisons de P.N., haltes etc. participent à ce concours, rivalisant de créativité. Lors de la campagne 1965, c'est la gare d'Avignon qui se retrouve primée. Classée 71 éme sur 120 lauréats, elle reçoit un diplôme d'honneur.
En juillet M Joseph Morini sous chef de gare au service général et en août, M Gaston Isnard surveillant en Avignon, reçoivent la "récompense du sourire". Pour les remercier de leur amabilité envers la clientèle, la revue La Vie du Rail leur offre le Louis d'or de l'amabilité. De nombreux autres agents répartis sur tout le pays sont mis à l'honneur par ce sympathique concours visant à gratifier les cheminots faisant montre d'une courtoisie et d'une gentillesse reconnue par les usagers. M Morini, avait en effet "joué" les "pères Noël" en décembre 1965. Un colis, réceptionné au service des bagages hors délai de prise en charge, aurait pu ainsi rester quelques jours sur les rayonnages de la gare avant d'être distribué. Mais ce colis, aussi anodin qu'il puisse paraître, contenait une petite bicyclette. C'était les étrennes qu'un garçonnet attendait. Alors, une livraison faite après Noël aurait, sans doute, gâché la fête du bambin. Grâce à l'amabilité de M Morini, le colis est pris en charge et expédié en dehors des procédures habituelles. Il parvient à destination en temps voulu. On imagine les yeux ébahis du petit enfant trouvant son vélo au pied du sapin, le 25 décembre, ignorant que sans ce geste de dévouement d'un cheminot il n'aurait fêté Noël à la date prévue. M Ludovic Bremond, d'Avignon est, pour sa part, primé au jeu du plus beau poireau pour un ensemble de plantes exotiques d'une taille peu commune. En juillet, toujours, M Etienne Gay, chef de la gare du Thor, reçoit lui aussi le Louis d'or.
Un accident qui aurait pu être extrêmement grave est évité de justesse sur le "chantier" de Fontcouverte le 16 novembre. M Claude Mertz effectue des manœuvres de wagons en guidant un collègue sur un locotracteur. Mais un cheminot, occupé à d'autres tâches, n'entend pas arriver l'engin qui risque de le heurter brutalement. Grâce à la vigilance de M Mertz, qui repousse vivement son collègue dans l'entrevoie à l'instant même où celui-ci allait être happé, l'accident n'a heureusement pas eu lieu.
Un autre accident est lui aussi évité en gare le 12 décembre 1966. Un voyageur imprudent descend d'une voiture à contre voie, glisse sur le marchepied, chute sur les rails, heurte le ballast de la tête et reste ainsi inanimé... les jambes reposant sur le rail! Un train est annoncé et le malheureux voyageur ne se relève pas. Fort heureusement M Louis Montet, lampiste, est témoin de l'incident. Il descend sur les voies pour hisser le blessé sur le quai et le soustraire au danger imminent. Cela se passe en quelques secondes. Un instant seulement avant que le convoi n'entre en gare. Une fois n'est pas coutume, les obscurs serviteurs du rail, que personne ne remarque jamais sur les quais, sont mis en lumière. La récompense décernée à M Montet, ne manque pas de rejaillir sur la filière "lampiste"...
D'autres Louis d'or sont décernés à la fin de l'année 1966. Un l'est à M Pierre Ruas employé à Avignon. Une sympathique manifestation est organisée quelques jours plus tard dans la salle de la cafétéria de la gare pour fêter l'attribution d'un autre au sous chef de gare principal, M Francis Philip. Un médecin Parisien, en panne de voiture à Avignon et devant se rendre dans la capitale pour une importante conférence, avait eu la chance de rencontrer quelques jours auparavant M Philip. Bien que n'étant pas de service, celui-ci avait fait le nécessaire pour trouver au tout dernier instant une place dans le rapide Le Phocéen à ce client. Un service rendu dont le bénéfice rejaillit sur le personnel de la gare tout entière. La gare d'Avignon reçoit quant à elle, une médaille et un diplôme au grand concours des gares fleuries.
Acte de courage en gare d'Avignon le... 1 avril. Il est environ 13 H 30, le train 11 052 s'ébranle des quais. Aussi étonnant que cela puisse paraître et sans que nous ayons pu connaître ses motivations, une voyageuse imprudente tente de descendre d'une voiture alors que le convoi commence à prendre de la vitesse. Comme il est aisé de l'imaginer, lors de cette périlleuse manœuvre l'étourdie voyageuse glisse entre le train et la bordure du quai 2! Immédiatement des témoins font des signes au mécanicien pour qu'il freine. Mais durant ce laps de temps, un cheminot courageux, M Fradgi Cohen, visiteur de gare au chantier de Fontcouverte, se précipite. Immédiatement il empoigne la victime et s'efforce de la maintenir hors de portée des roues des voitures qui défilent à quelques centimètres à peine. Il est ensuite aidé par M Dori, porteur en gare, pour extraire la malheureuse de sa fâcheuse posture. Fort heureusement, et grâce à la présence d'esprit de M Cohen, la voyageuse, ne souffrant que de très légères contusions pourra reprendre son voyage. Cet acte vaudra à son auteur la remise d'un diplôme d'honneur avec citation. Celui-ci lui sera remis lors d'une cérémonie officielle le 10 mai suivant.
Le 14 mai suivant, c'est à Courthézon au P.N. 423, plus précisément, que la mort tente de frapper. C'est sans compter avec le courage et le sang froid de la garde barrière, Mme Julia Peyrard... Il est 16 H 45, quand Mme Peyrard aperçoit une personne, visiblement mentalement déséquilibrée, qui s'élance sur la voie à la rencontre d'un train déjà annoncé! N'écoutant que son courage, la garde barrières se lance en courant pour tenter de rattraper la désespérée, tout en gesticulant pour attirer l'attention du mécanicien. Son geste est suffisamment éloquent pour que le mécanicien du 5733, actionne le frein d'urgence. Grâce à cette prompte intervention, la personne a pu être sauvée et dirigée sur un centre hospitalier. Un acte qui, bien entendu vaut à cette courageuse cheminote un diplôme d'honneur avec citation. Il est à noter que, un an à peine auparavant, Mme Peyrard avait sauvé d'une mort certaine une personne âgée s'étant engagée imprudemment sur le P.N.!
Alors qu'il assure la remorque du train 76522, M Jean Falabrègue, gare son convoi au Pontet. C'est alors qu'il aperçoit un militaire, de garde dans l'établissement voisin qui lui montre en gesticulant le dôme d'un des wagons citernes du convoi. Des flammes s'en échappent !!! Le train est composé de dix huit wagons d'essence... N'écoutant que son courage le mécanicien se saisit d'un extincteur. Il monte le vider dans le dôme de la citerne malgré les grandes flammes qui s'en échappent. Pendant ce temps un de ses collègues alerte les secours qui arrivent promptement sur les lieux. Ce geste courageux aura permis d'éviter un catastrophe certaine.
Pour assurer la promotion du terroir Provençal, de bien agréables manifestations sont organisées en 1968, comme déjà depuis plusieurs années en gare d'Avignon Auto-couchettes. Durant les mois de juillet et août, chaque train entrant est accueilli par des danses folkloriques Provençales. Les touristes, dont une grande partie étrangers, reçoivent aussi des bouteilles de vin, des fruits, des confiseries offerts par l'Union des syndicats d'initiative Vauclusiens. Une autre façon d'assurer la promotion du rail est, nous l'avons vu, l'amabilité envers l'usager. Un automobiliste belge, en panne de voiture, s'est retrouvé le 1 er juillet, en gare de Fontcouverte. Sous un soleil accablant, ne sachant quelles formalités accomplir pour faire embarquer son véhicule, il trouve dans sa détresse. M Charles Pépin. Celui ci prend "l'affaire en main". Tout d'abord il faut proposer l'hospitalité à cette famille un peu désorientée et fatiguée. Cet agent zélé la leur offre. Dans un premier temps il installe ses hôtes dans le bureau de la gare, en attendant que les formalités soient effectuées, la voiture chargée et arrimée, puis .... Il les conduit à son propre domicile où il leur offre une collation! M André Capdevilla, pour sa part, se trouve récompensé pour être venu en aide à une jeune femme. Elle était perdue en gare par une nuit de juillet, ne sachant comment retrouver sac et papiers égarés dans un train... Beaux exemples d'accueil "méridional" que ne seront pas prés d'oublier ces touristes et qui vaudront un Louis d'or amplement mérité à leurs auteurs. Si les agents du chemin de fer sont souvent cités pour leur accueil et leur dévouement, ce sont souvent aussi de sympathiques collègues de travail. Tel est le cas de M Roland Bernard, employé à Champfleury. Il reçoit l'Ecu d'argent des bonnes relations dans le travail, pour ses qualités professionnelles et... Amicales.
Mais cette amabilité peut s'exercer aussi à l'extérieur du monde ferroviaire. Mme Julian, garde barrière au Thor, en sait quelque chose, ayant à faire tous les jours avec les automobilistes... Sa gentillesse et son dévouement lui valent facilement le Louis d'or du sourire ainsi que ... l'équivalent de son poids en grappes de raisin, offert par le syndicat national des producteurs de raisin de table... Le 3 octobre, une bien agréable cérémonie se déroule au Thor, capitale mondiale du chasselas, sous la fraîcheur d'une tonnelle chargée de grappes dorées. C'est sous les applaudissements, face aux caméras de télévision de Marseille et sous l'oeil impartial du garde champêtre, que Mme Julian se livre de bonne grâce à la pesée. Il faut reconnaître que le lieu est symbolique. La gare du Thor est en effet très active en matière d'expédition de raisins. Les trafics sont passés de 10 à 24 000 Tonnes en moins de dix ans (1958 / 1968).
L'amabilité c'est aussi la probité. M Albert Schandelmayer, employé au district de Sorgues, découvre, alors qu'il est occupé à repeindre les volets de la maisonnette du P.N. 433, deux portefeuilles renfermant une importante somme d'argent ainsi que des papiers d'identité. Il rapporte rapidement sa découverte aux services administratifs qui ne tardent pas à retrouver le propriétaire... victime d'un vol dans une voiture couchettes quelques jours auparavant. Récompensé pour son acte de probité ce cheminot a eu encore la délicatesse de faire un don au profit du sanatorium et de l'orphelinat des chemins de fer!
M Raymond Turrel, sous chef de bureau de gare en Avignon, reçoit également un Louis d'or. Quant à M Philibert Martin, de Cavaillon, il est primé pour ...un amaryllis aux 36 fleurs.
Le 17 avril 1969, Antoine Ornaque, surveillant principal du service électrique à Bédarrides se porte au secours de jeunes enfants jouant sur la voie ferrée, inconscients du danger, au moment où un train de marchandises arrive à vive allure. "Par sa prompte intervention, et au péril de sa vie a évité un très grave accident à ces enfants", telle est la citation à l'ordre de la S.N.C.F. qui lui est adressée pour cette courageuse initiative. En mai, M Yves Reyre et en octobre M Henri Cuo commis de 1ére classe en Avignon reçoivent à leur tour la "récompense du sourire". Une nouvelle fois, la gare de Bollène, se trouve mise à l'honneur en 1969. Le diplôme du premier prix de présentation commerciale des gares est remis au chef de gare, récompensant ainsi tout le personnel de cet établissement pour son dévouement.
Le 28/12/1970 au matin, prés de 70 cm de neige immaculée recouvrent le sol à Valence. Dans le Vaucluse et la Drôme provençale, le mistral provoque la formation de congères. Les routes sont impraticables, l'électricité est coupée en de nombreux points. La neige refait son apparition le 29, portant la couche à 90 centimètres! De telles conditions n'ont pas été enregistrées depuis 1917! L'autoroute A7 est bloquée par la neige. Tombée en grande quantité et avec une telle rapidité que les moyens classique de déblaiement n'ont pu faire face. Le plan O.R.S.E.C. est déclenché dans la nuit du 27, pour tenter de venir en aide aux "naufragés" de l'autoroute. Mais le train roule... Certes difficilement dans les premières heures, mais rapidement un minimum de circulation est rétabli. Les trains de voyageurs assurent quasiment leurs horaires et une priorité est donnée aux trains de produits pétroliers devant ravitailler les grands centres urbains en fuel de chauffage. Des trains spéciaux et supplémentaires sont mis en route pour "évacuer" les vacanciers automobilistes ou clients des compagnies aériennes. Quelquefois ils sont arrêtés en pleine voie pour permettre aux automobilistes bloqués sur les routes à proximité de quitter le "piège" autoroutier. Ceux qui le peuvent encore conduisent leurs véhicules sur les plates-formes d'embarquement du Train Auto-Couchettes, dont le nombre de fourgons porte autos suffit à peine à absorber le trafic. Les médias se font l'écho des milliers de messages de félicitations et d'encouragements envoyés aux cheminots. Dans le Progrès de Lyon, un rescapé explique qu'après avoir passé 32 heures dans une voiture gelée, il a pu enfin regagner la gare de Bollène: "De Bollène à Grenoble par le train nous avons encore mis quinze heures. Mais il faut souligner que la S.N.C.F. a fait tout ce qu'elle a pu pour nous venir en aide... les autres, par contre, ils nous ont ignorés...". "Le chemin de fer de grand papa supporte mieux l'hiver que l'autoroute des année 70.!!..". Même si quelques grincheux, certes un peu plus prévoyants que leurs congénères et ayant réservé leurs place à l'avance, ont pesté contre les retards, les trains bondés, les chauffages défaillants; la quasi totalité des passagers ont été heureux de trouver le chemin de fer, conçu en 1855, pour les tirer de ce fort mauvais pas. Une fois encore, aux rigueurs de l'hiver, la S.N.C.F. a opposé des moyens exceptionnels. Alliés à la conscience et au courage des hommes et à une organisation bien rodée, ils permettent au rail de remporter la bataille. Mais ces fervents automobilistes ont ils retenu la leçon? A n'en pas douter, sitôt la neige fondue ils ont repris leurs voyages... en voiture.
En mai 1971, M Maurice Lagarde, employé principal de 1 ère classe au dépôt d'Avignon, reçoit l'écu d'argent des bonnes relations dans le travail... André Capdevilla, homme d'équipe principal en gare d'Avignon reçoit le Louis d'or de la courtoisie.
"Un cheminot FELIBRE", facteur au triage d'Avignon, tel est le titre d'un article de La Vie Du Rail consacré à M André Vermale. Président du groupe folklorique de la "JOUVENCO", M Vermale a organisé de sensationnelles messes de minuit à Montfavet... Tout cela est organisé avec force costumes, musiques chants et danses provençales et avec le concours d'animaux, chèvres, brebis, mais aussi chevaux camarguais. Une saine occupation pour ce cheminot poète, portant moustache et bouc à la manière des félibres. Elle permet de garder intacte et de transmettre les coutumes comtadines aux jeunes générations.
En 1974, M Roger Martin, sous chef de gare d'Avignon reçoit le Louis d'or de l'amabilité. La gare d'Avignon reçoit, elle, le second prix au concours de présentation commerciale des gares.
En 1975, M Marcel Autrand, chef de service mouvement en gare d'Avignon, reçoit la récompense du Louis d'or de la Vie du Rail. La gare de Sorgues est primée au concours de présentation commerciale des gares.
Le 30/01/976, un incident qui aurait pu avoir de graves conséquences se déroule, presque sans témoins, en gare d'Avignon. Il est 4 heures 35 un samedi matin, la nuit est sombre et froide, il n'y a pratiquement personne sur les quais. Le Strasbourg / Paris entre en gare, il doit y marquer un court arrêt. M Michel Rogier, agent d'exploitation, pour mission de surveiller que tout se déroule bien lors de la montée des voyageurs dans les voitures. Le chef de gare donne l'ordre de départ. Le train se met en branle... C'est alors que M Rogier s'aperçoit qu'une des portières d'une voiture est restée ouverte. Il se porte à sa hauteur. Le train ne roule encore que très lentement. Il ferme la porte vivement. Comble de malchance, un pan de son manteau est pris entre la porte et le chambranle. M Rogier se voit obligé de hâter le pas pour suivre le train qui peu à peu prend de la vitesse. Personne, parmi les quelques voyageurs encore sur le quai, ne s'est aperçu de l'incident. Alors, contraint de courir, M Rogier tente désespérément de retirer le morceau de tissus prisonnier ou tout au moins de déchirer le manteau qui, contre toute attente, continue à résister. Il est clair que cela ne pourra pas durer très longtemps. La catastrophe parait inévitable. A force de "lutter" contre son vêtement M Rogier finit enfin par faire céder l'étoffe, qui se déchire brutalement. L'agent se trouve projeté à terre, entraîné par sa vitesse. Il roule entre le quai et les voies. Le train défile à quelques centimètres de son corps. Les roues martèlent les rails tout prés de son visage... mais la dernière voiture s'éloigne enfin. Il peut se relever, étourdi. Deux jeunes voyageurs ont enfin compris qu'un drame venait de se nouer tout prés d'eux. Ils se précipitent pour secourir le malheureux, qui le plus simplement du monde leur déclare: " vous voyez comme notre métier peut être dangereux...".
Nouvelle promotion du "Louis d'or" pour 1977. Ce sont messieurs Joël Gay, agent mouvement à Orange et Armand Rodriguez, sous chef de bureau de gare en Avignon qui en sont les heureux récipiendaires.
La gare de Sorgues est en fête en 1978. M Max Francon, sous chef de bureau, se voit en effet attribuer le Louis d'or de l'amabilité.
En juillet 1979 M Christian Botteau, surveillant des installations électriques d'Avignon, est cité à l'ordre de la S.N.C.F. pour un acte de courage... s'étant déroulé en dehors des emprises du chemin de fer. Le 25 mars, cet agent du chemin de fer s'est porté au secours d'un automobiliste victime d'un grave accident de la route. Après avoir percuté violemment un platane le malheureux s'était retrouvé bloqué dans la carcasse de son véhicule alors que celui ci commençait à s'embraser. Alors que l'automobile pouvait exploser à tout moment, M Botteau n'a pas hésité un instant à exposer sa propre existence pour porter secours au blessé. Messieurs Jean Lecot, chef d'équipe d'agents d'entretien à la section équipement d'Avignon et Pierre Buffin, chef de service mouvement principal à la circonscription d'exploitation d'Avignon, reçoivent l'Ecu d'Argent décerné par leurs collègues de travail.
En 1980 deux cheminots Vauclusiens reçoivent le Louis d'or de l'amabilité. Messieurs Gérard Thomas, chef de gare à Monteux et Yves Vernet, chef agent mouvement à la Circonscription d'exploitation d'Avignon Ville, sont récompensés pour leur gentillesse et l'aide apportée à la clientèle. Messieurs Roger Barbot, chef de gare de 1ere classe à la circonscription d'exploitation d'Avignon et Jacky Roustang, chef de bureau de gare de 1ere classe en Avignon, reçoivent, pour leur part, l'écu d'argent des bonnes relations professionnelles. La gare de Bollène la Croisière se voit également primée, cette même année pour sa décoration florale, dans le cadre du concours des jardins fleuris.
En 1985, une passagère étourdie, descend du train, en gare de l'Isle, alors que celui-ci a déjà commencé à rouler. La manœuvre est périlleuse, et la passagère ne doit son salut qu'au sang froid de M F Perrin qui, ayant aperçu le manège, vole à son secours Il agrippe l'imprudente, la plaque au sol, pendant que les voitures défilent à proximité. Une action courageuse qui vaut une citation à son auteur.
Renaissance d'une ligne oubliée en 1987... Le temps d'un été l'ancienne ligne Pierrelatte-Nyons est ressuscitée... dans une pièce de théâtre. Ce spectacle intitulé "L'inauguration", reprenant le thème "Pierrelatte Valréas Nyons, un chemin de traverse", est interprété par une troupe de comédiens amateurs. La troupe, sous la direction de M Albert Simond se produit entre les 6 juin et 31 juillet dans plus d'une vingtaine de communes du nord du Vaucluse et du sud de la Drôme. Le spectacle, joué en plein air durant une heure et demie, reprend le thème de l'arrivée du rail en Vaucluse et Drôme. Y sont reprises diverses anecdotes. Y sont évoqués tout au long de la pièce, signée Anne Clément, les aspects sociaux et économiques. Le tout est enlevé avec gaieté et entrain, ponctué de chansons populaires et de ballets... Le chemin de fer peut ainsi être source d'inspiration artistique.
Les femmes sont enfin mises à l'honneur en 1988. Mme Huguette Félines, employée principale au bureau administratif de la section équipement d'Avignon, est gratifiée de l'écu d'argent décerné par La Vie du Rail, sur proposition des ses collègues de bureau. Mme Maryse Rozier, agent commercial principal voyageurs en gare d'Orange, reçoit de son coté le LOUIS d'or pour son amabilité envers la clientèle.
M Emile Gourdin
Le 4/12/1994 une cérémonie du souvenir se déroule en gare de Cavaillon. Le nom d'Emile Gourdin ancien chef de gare, résistant, a été ajouté auprès de ceux de René Duclos et Georges Ferrières. M Gourdin, en charge de l'établissement cavarre avait, en 1944, aidé certains groupes de résistance à réaliser divers attentats. Il avait, de son côté, directement sauvé la vie d'un cheminot recherché par la GESTAPO. Parmi l'assistance nombreuse assistant à cette cérémonie, il est à noter la présence de la fille de M Gourdin. Est présent, également, M Touchemoulin. Il est le chef de gare ayant assuré l'intérim à la direction de la gare, durant le temps de l'incarcération de M Gourdin.
Le rail est à l'honneur à Sorgues durant une semaine en mai 1996. Pour "accompagner" la parution d'un ouvrage retraçant l'histoire du chemin de fer à Sorgues, "les études sorguaises", organisent une exposition. De nombreux documents, des photographies anciennes, des affiches, des aquarelles, des films vidéo, sont proposés au public. Un club de modélisme ferroviaire propose également l'animation d'un magnifique réseau modèle. En parallèle, un concours est organisé à l'attention des visiteurs, mais aussi des écoles. Les installations de la gare sont "ouvertes" au public et de nombreux élèves de classes primaires, peuvent, sous la conduite de M Vincent Souche, chef de gare, s'initier au "fonctionnement" d'une gare, visiter le poste d'aiguillage ou accompagner quelques manœuvres sur le platelage d'un locotracteur. Quelques jours plus tard, c'est au dépôt d'Avignon, que se déroulent d'autres festivités. Pour commémorer le cinquantenaire de l'arrivée sur le territoire des locomotives américaines 141 R, l'Association Provençale de Préservation et d'Animation Ferroviaire de Miramas, organise deux journées portes ouvertes au dépôt. Diverses activités sont proposées, mais l'essentiel est la présence sur le site de deux 141 R préservées. C'est la 141 R 420, de Clermont Ferrand et la 141 R 1126 de Narbonne, qui se partagent la vedette et font l'admiration des curieux durant ces deux journées. Le second jour, les deux machines, se placent en tête d'un train spécial sous la verrière d'Avignon. L'odeur de la fumée et les halètements des machines, disparus depuis bien longtemps envahissent, pour le plus grand bonheur des amateurs, la gare Avignonnaise. Puis le temps d'un aller retour le train se rend en gare de Nîmes...
Double traction de 141 R pour un train spécial.
Honneur est fait aux anciens combattants et cheminots résistants en gare de Bollène. Le 13 mai 1998, une stèle est inaugurée dans la cour des voyageurs, à leur souvenir. Une exposition sur le thème du chemin de fer d'hier et d'aujourd'hui est également proposée en gare à la mi septembre.
Bollène cour des voyageurs.
L Dugas
Quelque part, à l'autre bout du pays, un petit hommes voit le jour en juillet 1998. C'est vraiment un "petit" homme car, né avant terme, il ne pèse à peine plus d'un kilogramme. Mais, grâce aux bons soins du C.H.U. du Havre et à l'amour de sa maman, le petit Jérémy prend peu à peu sa place parmi les Hommes. Mais, son papa, vient de trouver un emploi... en Avignon et la toute nouvelle famille se voit éclatée. Lorsque le bébé commence à prendre des forces, les parents envisagent son transfert vers la Provence, mais les moyens d'assurer un voyage aussi long à un nouveau né aussi fragile, accompagné d'un équipement d'assistance médicale assez lourd ne sont pas légion. C'est en T.G.V. que l'enfant et sa maman viendront donc vers leur nouvelle vie méridionale. L'opération suppose une coordination parfaite de multiples services de la S.N.C.F.. C'est donc avec une attention particulière que l'ensemble du personnel des chemins de fer, qu'il soit du service commercial, du service de la traction, du service de l'exploitation ou des antennes médicales suit la progression du T.G.V. Le Havre/Avignon du 5 octobre. A Avignon, le jeune passager et ses accompagnateurs reçoivent un accueil équivalent à celui d'une haute personnalité... Pour faciliter la sortie de la gare en évitant les passages souterrains, le quai de réception du T.G.V. est même modifié...
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- chemins de fer et intempéries.
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