LES TRAMWAYS D'AVIGNON

139

LES TRAMWAYS D'AVIGNON...

 

Qui se souvient du tram à Avignon? Et pourtant, comme beaucoup d'autres villes "importantes", Avignon a bénéficié d'un "réseau" de tram qui, bien que modeste, n'en était pas moins fort utile et "performant".

Un moyen de transport ferroviaire à part entière mais classé dans la catégorie des lignes ferrées d'intérêt local. Dans le cadre des projets proposés dans le seconde moitié du XIX é siècle pour des lignes de dessertes suburbaines, s'inscrivent également des projets de réseaux urbains, comme celui d'Avignon.

Ainsi, la ville de Sorgues, adopte-t'elle en 1895 un projet de tramways "à vapeur" pour sa liaison avec la Préfecture. Mais ce projet refusé, sous le motif que les grandes communes élaborent déjà des projets de tramways électriques. Une convention provisoire est d'ailleurs passée en ce sens le 22 novembre 1895 avec la Mairie d'Avignon pour la construction d'un réseau de tramways électriques.

La motrice (le wattman est encore à l'extérieur) et la remorque ouverte buffalo.

1898, après de nombreuses années de discussions et de travaux, les premières lignes du réseau de tramways urbain d'Avignon sont enfin livrées à l'exploitation. Le réseau comprend 2 points de départ, l'un face à l'hôtel de ville, l'autre place Carnot. La première ligne desservant "les rotondes" (dépôt des locomotives et ateliers du P.L.M.) est ouverte le 1 novembre. Celle desservant Saint-Ruf un mois plus tard. Une antenne courant jusqu'à Sorgues est ouverte l'année suivante, le 4 mars. Les tramways électriques d'Avignon seront donc la seule réalisation effective de tous les projets de ce type, puisqu'aucun autre réseau urbain ferré ne s'est développé en Vaucluse. Ils n'auront malheureusement qu'une existence éphémère...

En 1901 le réseau des tramways avignonnais comportait 6 lignes:

 

- Ligne 1: Place de l'Horloge-Cimetière St. Véran, par la rue de la République et l'extérieur des remparts (2 619 m).
- Ligne 2: Place de l'Horloge-Saint Ruf, en tronc commun avec la ligne 1, puis St-Ruf jusqu'à la limite de l'octroi (1 124 m).
- Ligne 3: Place de l'Horloge-Monclar, en tronc commun avec la ligne 1, puis Av. Monclar jusqu'à la limite de l'octroi (1 016 m).
- Ligne 4: place Carnot-Rotondes par La place de Jérusalem, La place Pie, rue Thiers, rue Guillaume-Puy, porte Limbert et route de Marseille jusqu'aux ateliers du P.L.M. (2 017 m)
- Ligne 5: Place Carnot-St. Lazare en tronc commun avec la ligne 4 jusqu'à la rue Florence puis rue Carnot, Carreterie et Bd Limbert où elle rejoint la ligne 1 (1 054 m).
- Ligne 6: Place de l'horloge-Sorgues, en tronc commun avec la ligne 1, continue sur la RN7 par le Pontet jusqu'au pont de l'Ouvèze à la sortie nord de Sorgues (9 240 m).

Le pont de l'Ouvèze à Sorgues. Sur la rive gauche, en face de la grande maison se trouvait le terminus de la ligne... Nous sommes là à plus de 9 kilomètres du point de départ de la ligne.


Seul le tronc commun des lignes 1, 2 et 3 était à double voie, ainsi que la portion entre le raccordement des lignes 1 et 6 et le dépôt situé route de Lyon face au cimetière. Les évitement étaient peu nombreux ce qui ne facilitait pas l'exploitation. La voie était "noyée" dans la chaussée.

Au Pontet, la voie croisait la ligne P.L.M. près du passage à niveau, ce qui était pour le moins dangereux. Par la suite il a été établi un passage sous les voies du Chemin de Fer , mais les voies à niveau conservées à titre de secours (le passage inférieur étant inondable).

Longueur totale développée du "réseau": 17 070 m.

Le passage à niveau du Pontet, croisement de la ligne de tramways et de la ligne Impériale.

La convention définitive de concession est ratifiée le 22 août 1901 pour 60 ans à la T.E.A. (Cie. des Tramways Electriques d'Avignon). Les tramways n'enregistrent malheureusement qu'une faible affluence de voyageurs et, en 1905, il faut faire des économies et réorganiser les lignes pour éliminer certains doublons... Certains projets de développement sont également gelés. La survenue de la grande guerre met un terme aux rêves ferroviaires vauclusiens... Non seulement il n'y aura pas de nouvelles ouvertures de lignes après cette guerre mais, peu à peu, les rares sections déjà existantes seront victimes des crises économiques et de l'arrivée d'un redoutable concurrent: l'automobile (Orange Le Buis (Voie métrique), Pierrelatte/Nyons, Cavaillon/les Alpes (Voie Normale), etc.)... En attendant, les tramways d'Avignon connaissent durant cette période un petit surcroit d'activité, principalement en direction de Sorgues avec l'établissement de la Poudrerie Nationale...

Le tramway à Sorgues sur la route d'Avignon

Au sortir du conflit, les tramways électriques d'Avignon, poursuivent encore quelque temps leur chemin, malgré une fréquentation très(trop) réduite. Pour survivre, la Cie. s'engage dans la spirale mortifère des hausses de tarifs qui font encore reculer la fréquentation... La ville d'Avignon est finalement dans l'obligation de racheter la concession le 12 oct. 1931. Mais le déclin est inéluctable et le réseau cesse définitivement son activité le 1er juin 1932... Remplacé par des autocars.

Il est déclassé l'année suivante (décret du 4/10/33). A ce moment le matériel, qui n'avait jamais été modernisé, était jugé définitivement trop lent et trop inconfortable (tout comme le matériel de la ligne du Buis... dont la fermeture interviendra une vingtaine d'années plus tard). La "mode" était désormais à l'automobile, même si celle ci était encore tout autant lente et inconfortable, mais ô combien "moderne". 3 projets d'extension avaient pourtant été un temps envisagés... Vers Châteaurenard, jusqu'à Orange et vers Villeneuve (du T.E.R. avant l'heure)... Les difficultés techniques et financières ont eu rapidement raison de ces projets.

Reverrons nous, un jour, des trams en Avignon? C'est tout à fait probable. D'ailleurs, l'idée fait son chemin au point qu'un projet est déposé en 2012 par la commune et qu'une enquête d'utilité publique est ouverte le 29 avril 2013. D'autres villes ont bien compris que ce moyen de transport écologique et moderne, pouvait avantageusement remplacer des bus bruyants, polluants et englués dans le trafic automobile et ont réinstallé des réseaux ferrés urbains.

Caractéristiques techniques des tramways d'Avignon:

 

  • Tramways électriques à voie de 1 mètre (Voie métrique).
  • 22 Motrices "Fives-Lille" à 2 essieux de 2,20 m d'empâtement, 40 places, 2 moteurs Dulait de 20 Ch. Captage aérien du courant. Caisse "Decauville". Les plates-formes, ouvertes à l'origine, reçurent des panneaux vitrés pour protéger les "wattmen".
  • 8 Remorques ouvertes "Decauville" de 40 places ("Buffalo").
  • Remisage et entretien s'effectuaient dans un atelier/dépôt situé au quartier St Lazare à la sortie nord d'Avignon. Jusqu'en 1906, l'électricité nécessaire à la circulation des tramways était produite par une centrale spécifique. Laquelle a été abandonnée en 1906 en faveur d'un raccordement au réseau régional.

Carte de syndicaliste de M Carli, conducteur de tramways en 1911 (sur la photo près du panneau du 1 mai).

POUR EN SAVOIR PLUS... 1 CLIC!

Voir aussi

- Les tramways d'Avignon (Jean Mazet)
Equinoxe - Le Temps retrouvé 1994

PLUS DE PHOTOS... RENDEZ VOUS DANS L'ALBUM PHOTOS

Retrouvez tous les liens proposés dans ce blog sur le fichier "liste des liens".

Hé, hé!!! n'oubliez pas de poster votre commentaire ici!! Ce serait sympa, merci.

Les documents et photos illustrant cet article sont issus de la collection de l'auteur ou trouvées sur le Net. Un grand merci également à M Carli pour les documents aimablement communiqués.



25/09/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 218 autres membres


Recommander ce site | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créer son blog | Espace de gestion