LA VIE QUOTIDIENNE ENTRE SORGUES ET CARPENTRAS..
Après avoir commencé à circuler entre Lyon et Marseille, les trains arrivent désormais jusqu'à la sous-préfecture de Carpentras... La vie locale en est fortement modifiée... voyons d'un peu plus près comment on vit sur et autour de cette 2eme ligne Vauclusienne...
Le transport des voyageurs...
Il faut bien le reconnaitre, la fréquentation voyageur sur la ligne ne sera jamais celle escomptée par ses promoteurs, sauf les premières années. Les circulations se répartissent en six navettes quotidiennes Carpentras/Avignon. Les trains sont omnibus et mixtes "M.V." (Marchandises et Voyageurs). Le parcours est réalisé entre trente cinq et cinquante minutes. Divers aménagements d'horaires sont rapidement demandés, en vue de réduire ce temps. Il parait surtout nécessaire d'améliorer la desserte de Sorgues où les correspondances ne sont pas vraiment convenablement étudiées (attentes souvent fort longues sur le quai de la gare). A certains services il existe même un train express acheminant directement des voitures depuis Paris jusqu'à Carpentras!
Sorgues, départ de la ligne. Vue rapprochée sur le quai central... par le Nord. Le train pour Carpentras va partir... Il est mixte et tracté par une machine déjà hors d'âge... Le P.L.M. n'engage pas sur les lignes secondaires du matériel très moderne...
Les années passent. Le P.L.M. semble de moins en moins intéressé par les voyageurs. La mixité des trains génère des manœuvres dans les gares pour le dépôt ou l'ajout de wagons (de 12 à 15 minutes...). Malgré des demandes de suppression de la mixité permettant la mise en place de trains légers et l'accroissement de la vitesse moyenne, la Cie., peu intéressée par ce trafic omnibus, laisse le service se dégrader continuellement. Elle ne continue à engager sur ce secteur que des locomotives hors d'âge (déclassées des express de grandes lignes) et d'anciennes voitures inconfortables, sans éclairage et mal chauffées. Elle persiste dans l'utilisation de trains mixtes devenant de plus en plus lourds à cause de l'augmentation du trafic marchandises en plein essor... Ces différents éléments favorisent déjà avant la première guerre, l'installation de diverses Cies. d'autocars.
La guerre de 1914 apporte un regain d'activité à une ligne tombée dans l'oubli, pour cause de restrictions imposées à la circulation routière. L'entre-deux-guerres est marqué par une activité routière accrue. Les autocars et l'automobile particulière gagnent par leur souplesse et leur prix de revient. De nombreuses Cies. de transports publics se créent et se taillent peu à peu "la part du lion". Face à la montée de ce péril et trop occupée à gérer une crise économique de plus en plus aiguë, la Cie. n'oppose pas une volonté farouche. Malgré quelques essais de circulations "auto-rail" (vite supprimées) elle sacrifie sur l'autel de la rentabilité certaines relations et continue à engager sur celles restantes un matériel hors d'âge. Elle finit par reporter les navettes ferroviaires sur... la route (Mai 1928, suppression d'une navette voyageurs Sorgues/Carpentras. La ligne est "ouverte" de 6H29 à 20H26. On comptait auparavant 6 trains réguliers dont 1 marchandises). Celles-ci sont assurées par la compagnie T.P.L.M. (filiale du P.L.M.).
L'abandon définitif de toute relation voyageur est précipité par une promesse de l'Etat de versement de subventions pour chaque kilomètre de voie ferrée supprimé. Les derniers "irréductibles" sont forcés de se rendre à la majorité et, le 19/03/1938, le Conseil Général officialise la suppression du services voyageurs sur "l'étoile de Carpentras". A partir du 2/10/1938 toute relation voyageur est définitivement reportée sur route. Le nombre de sociétés d'autocars est jugé suffisant pour assurer un service public convenable.
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La seconde guerre mondiale apporte un surcroît de trafic, les véhicules routiers étant frappés de réquisition. Mais ce répit, concentré sur certaines lignes locales, n'est que de courte durée et tout ce qui peut être mis en œuvre pour éviter une reprise franche du trafic sur la ligne Sorgues/Carpentras est tenté... Beaucoup ne souhaitant pas voir une ligne fermée reprendre une activité significative!
AVIGNON | LE PONTET | SORGUES | ENTRAIGUES | ALTHEN | MONTEUX | CARPENTRAS | |
1868 | 164202 | 5632 | 22561 | 7047 | 2816 | 13847 | 49760 |
1873 | 242333 | 5840 | 22697 | 3736 | 1518 | 7768 | 40731 |
1913 | 541023 | 8856 | 40607 | 15896 | 6131 | 28052 | 139413 |
1925 | 583414 | 6662 | 49362 | 27297 | 9253 | 48045 | 148612 |
TRAFIC VOYAGEURS AU DEPART | |||||||
SOURCE Entre Rhône et Ventoux, le Rail.. |
Malgré la création en 1978 d'un comité d'étude pour la réouverture de la ligne au trafic voyageurs (C.E.R.L.F. Comité d'Etude pour la Réouverture de la Ligne Ferroviaire Carpentras/Avignon. Rebaptisé RAIL 84), malgré des actions promotionnelles ou publicitaires celle-ci ne sera, pour l'instant, jamais réalisée. Le seul résultat positif de cette campagne est la réouverture des guichets de la gare de Carpentras (et Sorgues) à la délivrance des titres de transport voyageurs (Carpentras est ouverte à la vente des billets depuis le 1/03/1982. Plus de 7 700 billets vendus en 1983, 10 230 en 1984, 12 000 en 1985)... Situation paradoxale... On comptabilisait prés d'un milliard de centimes (Fr.) de chiffre-d'affaires en 1991 apportés par la seule vente des billets voyageurs en gare de Carpentras! Cette reprise de la vente permet à ceux qui le souhaitent de ne pas avoir à aller à la gare d'Avignon. Un gain de temps et une simplification évidente qui expliquent probablement les bons résultats de la gare comptadine, équipée à l'époque de 4 guichets de vente dont 3 informatisés, mais qui ne reçoit plus de trains de voyageurs, depuis plus d'un demi-siècle... Avec 13 mdFr. de chiffre d'affaires en 1997, elle arrive en 4e position des gares de la circonscription d'exploitation derrière Avignon, Arles et Orange. Le B.V. est rénové... Mais toujours pas de trains pour les voyageurs, bien que le contrat de plan Etat/Région signé en 2000 prévoit une "éventuelle" réouverture de la ligne.
Notons que, le 13/05/2006, le chemin de fer est en fête sur cette ligne. Une journée d'animations avec circulation d'un autorail spécial y est organisée par le CE S.N.C.F., l'association RAIL 84, la communauté de commune des Sorgues, etc... Cette journée connaît un tel succès populaire que ceux qui y participent ont l'impression de revivre ce qui s'est déjà produit il y a déjà 143 ans!
C'est un très moderne autorail AGC (Autorail à Grande Capacité) avec plus de 200 personnes à bord (journalistes, élus, invités et public), qui quitte Sorgues en début de matinée sous les applaudissements de la foule pour se rendre, par étapes successives, jusqu'à Carpentras. Tout au long du parcours, dans les gares abandonnées et livrées aux herbes folles, une foule importante et enthousiaste est là pour l'accueillir.
Un repas champêtre est proposé ensuite à Monteux, réunissant près de 600 convives! Des groupes folkloriques, expositions de modélisme, projections de films, allocutions et même une pièce de théâtre et un concert de l'Harmonie des cheminots émaillent la journée en différents lieux. Cette journée avait été précédée de plusieurs conférences-débats sur les transports en Vaucluse qui ont été suivies par un public nombreux.
Le transport des marchandises...
Deux locomotives BB 63000 arrivent en gare de Sorgues en tête d'un train de trémies de sables. La ligne de Carpentras rejoint la grande ligne Paris-Marseille
Le trafic marchandises a beaucoup plus intéressé le P.L.M.. Devant l'augmentation de la demande de transport, au demeurant très rapide, la Cie. n'a pas hésité à faire évoluer les installations des diverses gares pour les adapter au fur et à mesure de l'accroissement des besoins (cours de débord, bâtiments, etc.).
Les industries traditionnelles et l'agriculture locale avaient déjà profondément changé avant l'avènement du rail. Si on pouvait trouver au siécle dernier dans la région de Carpentras des filatures, distilleries, usines chimiques, verreries etc... l'industrie liée au traitement de la garance y était particulièrement active. Mais, celles ci ayant périclité (avec l'apparition de colorants chimiques) plus rapidement que prévu c'est vers la production de fruits et légumes que se tournent les agriculteurs vauclusiens. Les nouveaux débouchés offerts par le chemin de fer naissant, vers le nord et même l'étranger, vont dynamiser ces productions. Ce sont particulièrement les fraises, asperges, haricots, tomates, cerises, raisins, etc. qui remplissent les wagons du P.L.M., malgré les difficultés parfois rencontrées par les clients du rail, tant au niveau de la qualité des manutentions, que des tarifs et des horaires des trains (On en parle à Monteux le 5/03/1911: "problèmes au sujet du transport des fraises, alors en grand développement. Offre du P.L.M. incorrecte, wagons non ventilés et surchargés. Le 1/09/1912 demande diminution des tarifs pour transports en R.A. des primeurs"... Demande identique du C.M. de Sarrians en août 1913... "refus de la Cie."). Peu à peu, divers aménagements sont toutefois mis en place, qui permettent l'acheminement au régime accéléré, par 6 trains quotidiens. Le transport des primeurs devient malgré tout et reste, jusqu'au seuil des années 70, le trafic le plus représentatif de la ligne... Le rail est encore le seul moyen de transport permettant la célérité nécessaire au bon convoyage de ces produits périssables (Carpentras expédie 40 375T à 55 033T de 1964 à 1967). De son côté l'industrie traditionnelle continue son déclin.
1984, un train de bouteilles près de Monteux, pour l'EP ETIENNE. En tête la 63985
D'autres transports existent même s'ils ne sont pas majeurs à Carpentras, Entraigues, Monteux et Sorgues. Ce sont les trains de fourrage, les wagons de machines agricoles, de sables et silices, de ferrailles mais aussi de berlingots de Carpentras, de tôles et boîtes de conserve vides (CARNAUD et FEREMBAL), ocres du Vaucluse (35 800 T en 1965 expédiées de Carpentras), papier à cigarettes (fabriqués à Malaucène), plaques de plâtre, truffes, escargots!... A l'origine de la ligne des trains emportent un curieuse marchandise... De la glace à rafraîchir! Avant l'apparition des moyens industriels de fabrication de froid, la glace nécessaire à l'alimentation provenait pour une grande partie de la neige des montagnes. Il existait des glacières au pied du Ventoux, à Bédoin, à partir de 1848. c'était des sortes de grands trous dans lesquels était tassée la neige hivernale. Cette glace était ensuite débitée en "balles" de 100 Kgs qui étaient expédiés en wagons complets à destination de Marseille depuis la gare de Carpentras. Ce trafic s'est peu à peu tari à cause de la faible rentabilité de cette activité (environ 1 500T par an). On note dans les années 50/70, à Carpentras, une importante activité liée aux colis en messagerie. La Halle est tout entière affectée à cette activité, complétée par un système de livraison à domicile (comme à Sorgues). En bref, un trafic très diversifié et assez important. De nombreux colis (On comptabilise 854 colis expédiés du 6 au 10/07/1969!) d'artifices et de produits pyrotechniques fabriqués dans les usines Ruggieri (Premières fabrications à Paris en 1739, puis installation à Monteux) sont expédiés depuis Monteux. Ne pouvant être transportés, pour des raisons de sécurité, dans les trains mixtes en usage sur ces lignes, ils sont longtemps transportés par voie routière jusqu'à Sorgues où ils sont chargés dans les trains.
ARRIVEE | DEPART | TOTAL | |
1971 | 2525 | 5125 | 7650 |
1972 | 1682 | 4457 | 6139 |
1973 | 2112 | 4431 | 6543 |
1974 | 2194 | 1839 | 4033 |
1975 | 1197 | 798 | 1995 |
1976 | 2180 | 2273 | 4453 |
1977 | 3778 | 4074 | 7852 |
1978 | 3845 | 3216 | 7061 |
1979 | 8298 | 1510 | 9808 |
Mais peu à peu, le trafic des primeurs s'étiole... Les camions emportent les cagettes bien plus vite que les trains malgré quelques efforts de modernisation consentis par la S.N.C.F.. Alors que la gare de Monteux souffre de son inactivité suite à la disparition du transport des primeurs, le service FERCAM y est installé en 1978. Dés la fin de 1977, des essais sont effectués pour des dessertes régionales. fin 1978, l'opération est étendue à l'ensemble du territoire. Le FERCAM apporte quasi immédiatement une reprise sensible du trafic en gare. Bobines de papier, plaquettes de bois pour la confection des cageots, boites de conserve, pommes de terre, tourteaux etc., emplissent les wagons. En 1979, 214 wagons (soit 4 400 T) sont livrés à Monteux...
Longtemps, un trafic non négligeable perdure sur la ligne dû aux embranchements particuliers qui la jalonnent depuis la ZI du "Fournalet" jusqu'à Carpentras. Pour ne citer que les plus importants, l'E.P. de la SIFRACO (spécialisée dans les sables et silices pour verreries, fonderies et usages industriels) situé à Entraigues depuis 1969 (Un train spécial R.G.P. est mis en route pour l'inauguration de l'usine d'Entraigues, début 1969) qui procure au rail de forts tonnages sous la forme de trains blocs (Dans la période d'avril à juillet 1969, 34 840 tonnes ont été expédiées dans 23 trains soit 895 wagons) et l'E.P. de la société ETIENNE qui procure de nombreux wagons de bouteilles à la S.N.C.F.... Enfin, quelques wagons de grumes pour Entraigues où le bois est, un temps, transformé dans les bâtiments de l'ancienne halle marchandises louée par une scierie. L'entreprise de récupération de métaux ROSSI est embranchée sur la ligne le 8/01/1985. Cet ancien client de la route est convaincu finalement par la qualité du transport ferroviaire. Dés le premier mois 400 T de vieux métaux sont partis par la voie ferrée vers l'Italie. Mais ce trafic est soumis à une lente érosion, par le report sur la route ou la disparition de l'activité de plusieurs clients. Il ne reste, au début du XXI ème siècle, guère plus que la SIFRACO pour alimenter les circulations ferroviaires.
Il est à noter que quelques "incursions" de trains voyageurs se produisent encore à diverses occasions, bien après la suppression de la desserte voyageurs, au hasard de trains "spéciaux", ou à cause de fortes intempéries ayant affecté les lignes principales ou les voies routières environnantes.
Départ du PROVENCE EXPRESS de la gare de Monteux. Les wagons spécifiques à ce train que l'on reconnait à la plaque sur la porte, ont été garés sur la voie couverte (que l'on aperçoit au fond) pour éviter une température trop élevée dans les wagons en 1963
Vers la fin des années 90 l'avenir de la dernière survivante des lignes de l'étoile de Carpentras reste bien sombre. La vétusté des installations fixes, de la voie et de la signalisation, nécessitent d'importants travaux que la S.N.C.F. ou la Région ne sont pas prêtes à financer. Des opérations ponctuelles sont réalisées entre Sorgues et Monteux en 1991, puis 1993 et 1997. Des segments de voies sont remplacés, les joints de rails révisés, les voies partiellement "bourrées" et "dressées"... Ces opérations permettent de porter la vitesse limite de la ligne à... 30 km/h! Pas encore de quoi y voir circuler des autorails! Malheureusement, la disparition de plusieurs clients embranchés à Monteux provoque, en 2003, la fermeture de la gare "de substitution" (bâtiment préfabriqué placé à proximité du PN 8). Seule la SIFRACO, continue à engager des trains sur la ligne.
La vie au quotidien...
Le train de desserte passe la gare d'Entraigues. Nous sommes en 1984.
En juillet 1862, sur le chantier de la nouvelle ligne de Carpentras un grave accident est relaté: 5 jeunes gens employés à la pose des voies, périssent écrasés par un wagon de rails qui s'est accidentellement renversé.
Le 8 novembre 1889, c'est un événement plus dramatique qui est à déplorer: La mort "volontaire" d'un homme au P.K. 10 de la ligne.
Le PN de la route du Badaffier à Sorgues au départ de la ligne de Carpentras...
L'armistice de 1918 laisse le réseau dans un état d'épuisement total, comme par ailleurs le pays tout entier. La situation est délicate. Le charbon manque, les bras également, matériel et infrastructures sont à bout de souffle... Quant aux Cies, leurs finances sont exsangues et elles tentent, à grand renfort d'augmentations de tarifs, de combler un déficit endémique. Hausses qui provoquent, par réaction, "La ruine de l'industrie et de l'agriculture". Les industriels et les paysans, ne peuvent obtenir des wagons pour expédier leurs marchandises et quand, par bonheur, des moyens leurs sont alloués, les tarifs de transport rendent leurs productions invendables. On s'en émeut en Vaucluse, que ce soit pour le transport de denrées agricoles ou pour l'enlèvement de produits manufacturés. Le Conseil Municipal de Carpentras proteste également, parmi d'autres, contre la hausse des tarifs: " Vœu concernant le tarif des transports de primeurs. Sur la proposition de MM Chapus et Moulin, conseillers municipaux, le Conseil Municipal de Carpentras, dans sa séance du 30 avril 1920, considérant que par suite de la récente augmentation des tarifs de chemins de fer, le prix de vente de certains légumes ne couvre plus les frais de transport et a mis de ce fait des récoltants dans l'obligation de détruire leurs récoltes. Que cette augmentation a donc dépassé le but poursuivi et qu'elle amènera rapidement une diminution dans la production de fruits et légumes. Que des mesures d'extrême urgence s'imposent pour éviter des conséquences aussi désastreuses pour l'alimentation. Emet le vœu: Que les denrées périssables bénéficient d'un tarif saisonnier avec réduction de 60% sur les tarifs actuellement en vigueur.". Si les conseillers Municipaux de Carpentras n'hésitent pas à réclamer jusqu'à 60% de réduction, on peut imaginer que la hausse demandée par la Compagnie avait du être conséquente... En retour, le P.L.M. va proposer aux expéditeurs des baisses de 15%, 20% et même 30% suivant les produits, entre le 25 mai et le 31 décembre 1920...
Et puis arrive la seconde guerre mondiale. Globalement la ligne n'est pas trop affectée. La gare de Carpentras est malgré tout occupée par les "Bahnoffs" et voit le passage et le stationnement de trains blindés Allemands. Ceci n'est pas du goût des Carpentrassiens, craignant sabotages (avec risques de représailles) ou bombardements. La ligne voit également le passage de trains de réfugiés du Nord ou de l'Est qui sont ensuite répartis dans les villages environnants.
Construction de l'EP de la poudrerie nationale en 1940.
1941, M G. Cayssol, facteur à Carpentras, sauve d'une mort certaine un camarade ayant, par imprudence, traversé les voies devant un train en manœuvre et chuté entre les rails. Cette action courageuse vaut à M Cayssol une citation à l'ordre de la S.N.C.F. pour fait de service.
En 1944, les bombardements font rage sur le Vaucluse. Les installations militaro-ferroviaires du plan d'Entraigues sont également détruites dans une infernale nuit. Les explosions soufflent les fenêtres de certaines maisons avignonnaises alors que les flammes sont visibles depuis le rocher des Doms... Des témoins, réfugiés sur la colline de Vedéne, toute proche, font état de wagons disloqués et projetés dans les airs, au milieu des flammes...
M G. Cayssol dont nous avons déjà évoqué le témoignage, se souvient du dernier jour de guerre en gare de Carpentras: "vers la fin de l'occupation, 3 trains étaient encore en gare, deux ne nous ont pas donné de difficultés, quant au troisième il n'en a pas été de même. C'était un régiment de S.S. qui partait pour le front Russe. Il a été surveillé durant toute la nuit par des sentinelles. Les trois trains sont partis en matinée, à une demi heure d'intervalle. Quand j'ai donné le signal du départ du dernier train, le chef de gare et quelques agents étaient sur le quai avec moi. Lorsque nous avons vu le dernier wagon disparaître sous le pont du gaz, nous avons enfin respiré. la libération de Carpentras était maintenant très proche..."
Ces événements cauchemardesques prennent fin avec le mois d'août. Les blindés alliés pénètrent en Avignon puis libère Carpentras... La vie reprend son cours.
Le 12 juillet 1980, les Carpentrassiens peuvent admirer en gare une BB électrique! Prémices d'une prochaine électrification de l'antenne Sorgues-Carpentras? Bien sûr, la raison de cette présence insolite est tout autre. La BB 22318 est venue sur place tractée par une machine diesel, accompagnée par un autorail. Si la gare est pavoisée, si un micro et un pupitre sont visibles auprès des voies c'est qu'une fort ancienne coutume, longtemps oubliée, vient de renaître... La BB 22318 est venue dans la capitale du Comtat pour y être baptisée. Les anciens cheminots donnaient à leurs machines des noms de lieux, de villes, de divinités ou bien encore des prénoms de femmes. Puis, avec la banalisation de la conduite, ces habitudes se sont effacées. Dans le courant des années 70, la S.N.C.F., relance cette coutume et propose de faire parrainer ses nouveaux engins par des communes. C'est Carpentras qui ouvre le ban en Vaucluse. Après diverses allocutions, les écus montés sur les flancs de la machine sont dévoilés. Un vin d'honneur est servi aux invités. Matériel et gare sont ouverts au public pour toute la journée.
1983, on déplore un incident sans conséquences corporelles en gare de Carpentras. Par suite d'une erreur d'aiguillage, deux trains se prennent en écharpe. Les dégâts matériels sont assez importants et la voie est endommagée.
Le 8 juin 1985, la rame Z 7370 est baptisée Monteux.
Vers la fin de l'année 1999 un incident singulier se produit sur la ligne. Au terme d'une randonnée équestre avec des amis, le propriétaire du ranch d'Entraigues et sa monture se trouvent confrontés à une situation pour le moins inattendue. Alors que le cheval traverse la voie à la hauteur du P.N. de la Palerme, il se coince un sabot dans l'ornière entre le rail et le contre rail... Ce n'est qu'avec l'aide des sapeurs pompiers et d'un vétérinaire, que la pauvre bête est enfin tirée de ce mauvais pas, bien que se trouvant dans un état de santé inquiétant du fait des blessures occasionnées par cet accident... On peut pour une fois se dire heureux de voir la ligne que très faiblement fréquentée par les trains...
Un événement, d'un type oublié depuis 5 ans en Vaucluse, se déroule le 15 septembre dans la cour de la petite gare d'Entraigues. Le Mistral souffle fort, emportant les drapeaux tricolores déployés pour la circonstance. La gaieté des cérémonies officielles tranche pourtant avec l'état de désolation de ce qui fut une gare fort sympathique dans laquelle se déroulent ces manifestations... C'est ainsi qu'à l'initiative de la Municipalité d'Entraigues et plus précisément de son Maire, M Guy Moureau, la BB 7270 est baptisée. Elle porte désormais les armes du village sur ses flancs. Mais la cérémonie se déroule dans un contexte politique mondial particulièrement sombre (de violents attentats ont secoué les Etats Unis, le 11 septembre... Le retentissement est mondial), aussi est elle simplifiée et écourtée et les manifestations connexes et expositions prévues annulées.
Le 13 mai, le chemin de fer est en fête sur la ligne Sorgues-Carpentras. Une journée d'animations, avec circulation d'un autorail spécial, y est organisée. Cette journée connaît un tel succès populaire que ceux qui y participent ont l'agréable impression de revivre ce qui s'est déjà produit il y a déjà 143 ans!
Il ne reste plus, en cette première décennie du XXIe siècle qu'à espérer enfin la réactivation sur la ligne du service des voyageurs... Patience... Fin 2010, les premières consultations publiques sont organisées... La réouverture de la ligne au service des voyageurs fait débat. Il faut d'une part trouver les financements, mais également régler la question des passages à niveau qui doivent être supprimés. On envisage aussi, du côté de Carpentras le déplacement de la gare S.N.C.F. pour création d'une gare multimodale. Cette partie de l'études est importante car de l'emplacement des voies ferrées subsistera ou pas la possibilité de futures re-extensions des circulations ferroviaires vers Pernes et/ou Orange.
En 2011, la halle aux marchandises, l'édicule et la maisonnette de PN de la gare d'Entraigues sont démolis.
En février 2012 une enquête publique est ordonnée par le Préfet (entre les 15/02 et 14/03) dans les communes de Sorgues, Althen, Avignon, Carpentras, Monteux, Entraigues et l'Isle. Les dossiers sont consultables sur place mais aussi via internet. Le 3/08 l'utilité publique du projet, comprenant la suppression des 10 passages à niveau, est approuvée.
Le 22 février 2013, le dernier convoi de fret quitte la gare de Carpentras. A 18h56, 1 200 T de sable tractés par une UM de BB 69000 (BB 69317 + BB 69307) quittent la gare pour la dernière fois. Les lanternes rouges s'effacent dans la nuit, quelques passionnés venus sur place quittent la gare avec un pincement au cœur. Une page de l'histoire de la ligne se tourne.
A peine le dernier train a t'il quitté la gare que le premiers travaux sont entrepris.. Le 17 juin, une cérémonie est organisée en gare de Carpentras pour le lancement "officiel" du chantier. Les passages à niveau et viaducs sont coupés. Les voies sont déposées au niveau des gares. Durant l'été, la S.N.C.F. et R.F.F. lancent plusieurs simultanément plusieurs chantiers importants dans la vallée du Rhône. Deux interceptions totales de quelques jours sont programmées sur la grande ligne P.L.M.. Durant cette courte fenêtre de tir, les travaux de raccordement de la ligne de Carpentras en gare de Sorgues sont effectués (changement des aiguillages et modification de la signalisation). Au mois de septembre, les tabliers des viaducs de Monteux sont remis en place et de grandes portions de voies nouvelle posées... Mais, 500 mètres de rails sont dérobés sur les chantiers de la gare de Sorgues durant un week-end! Vers la mi-octobre, les anciens hangars de la gare de Carpentras sont démolis.
L'ECHELLE DES TEMPS
Date | lieu | Evénement | |||
DE SORGUES A CARPENTRAS. ? | |||||
1800 | |||||
1853 | CARPENTRAS | Conseil municipal demande rattachement d'une ligne au chemin de fer en construction (raccordement proposé près du Pontet.) | |||
SORGUES | Le 6 novembre, nomination de délégués du conseil municipal, pour démarches à effectuer en vue de l'établissement du chemin de fer de Sorgues à Carpentras. | ||||
1859 | SORGUES | Le 4 septembre, le conseil municipal demande à ce que le passage à niveau du chemin vicinal numéro 1 soit remplacé par un viaduc, dans le cadre des études sur la nouvelle ligne de Sorgues à Carpentras. | |||
1860 | SORGUES | Le 23 février, le conseil municipal approuve le tracé prévisionnel de la ligne de Sorgues à Carpentras, par Entraigues, Althen les paluds, Monteux. | |||
Décret empereur Napoléon III pour concession ligne au P.L.M. (31 août). | |||||
1861 | MONTEUX | Début des travaux de construction de la ligne, le 8 mars. | |||
1862 | accident sur la ligne. | ||||
SORGUES | modification pour ligne de Carpentras. | ||||
1863 | En janvier, la voie de Sorgues à Carpentras est posée. | ||||
Le 15 mars, inauguration de la ligne. Mise en exploitation commerciale le 18 mai. | |||||
1889 | Suicide d'un homme sur la ligne de Carpentras. | ||||
ENTRAIGUES | Nouvelle voie de service. | ||||
1893 | MONTEUX | Agrandissement installations P.V.. | |||
1898 | MONTEUX | Agrandissement installations P.V.. | |||
1899 | MONTEUX | Agrandissement quai couvert et amélioration des locaux des mécaniciens à Carpentras. | |||
1908 | ENTRAIGUES | Allongement quai couvert. | |||
1909 | ENTRAIGUES | Extension des voies de service. | |||
1913 | MONTEUX | Extension gare débord et quais couverts. | |||
ENTRAIGUES | Nouvel allongement quai couvert Entraigues. | ||||
1914 | ENTRAIGUES | Entraigues devient Eentraigues sur la Sorgue. | |||
1923 | Cloches électriques ligne Sorgues / Carpentras. | ||||
ALTHEN | Transformation station en gare. | ||||
1924 | ALTHEN | Halte devient gare. | |||
1926 | MONTEUX | Extensions installations P.V. et GV . | |||
1934 | CARPENTRAS | En avril, bascule pèse personnes. | |||
1936 | CARPENTRAS | Abri à primeurs. | |||
1937 | CARPENTRAS | Extension des débords. | |||
1939 | Entraigues | Installation dépôt P.N.S. | |||
1966 | CARPENTRAS | Démolition château d'eau, poste aiguillage. | |||
1972 | MONTEUX | Abandon service des primeurs. | |||
Sens de la ligne Sorgues/Carpentras "inversé" devient Orange / Sorgues via Carpentras. | |||||
1975 | CRAPENTRAS | Simplification des installations. | |||
1978 | MONTEUX | FERCAMISATION. | |||
CARPENTRAS | Création CERLF. | ||||
1980 | En juin, autorail spécial affrété par le CERLF, entre Avignon et Carpentras, via Sorgues. | ||||
CARPENTRAS | Le 12/07 baptême BB 22318. | ||||
1982 | CARPENTRAS | Réouverture billetterie, le 1 mars. | |||
1983 | CARPENTRAS | Déraillement en gare. | |||
1985 | CARPENTRAS | Informatisation points de vente gare. | |||
MONTEUX | Mise en Service E.P. Rossi. | ||||
1998 | CARPENTRAS | Rénovation BV. | |||
2001 | ENTRAIGUES | Baptême BB 7270. | |||
2003 | MONTEUX | Fermeture gare "préfabiquée". ? | |||
2006 | Autorail spécial, 13 mai. | ||||
2010 | Débats publics sur la réouverture de la ligne aux voyageurs. | ||||
2011 | ENTRAIGUES | Démolition des bâtiments (sauf le BV) | |||
2012 | Enquête d'utilité publique sur le projet de réouverture aux voyageurs (15/02 - 14/03). | ||||
Déclaration d'Utilité Publique (3/08). | |||||
2013 | Dernier train de marchandises le 22/02 (TR 415223) | ||||
CARPENTRAS | 17 juin cérémonie pose 1 pierre | ||||
2014 | MONTEUX | Démolition des bâtiments (sauf le BV) | |||
SORGUES | Rénovation du BV | ||||
ENTRAIGUES | Rénovation du BV | ||||
MONTEUX | Rénovation du BV | ||||
CARPENTRAS | Construction de la nouvelle gare |
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Autres pages...
- Témoignage... Mme S garde-barrières sur la ligne.
- Témoignage... M JB Chef de gare à Monteux.
- La ligne de Sorgues à Carpentras.
- La ligne de Sorgues à Carpentras (revue de documents).
- Le quartier de la gare.
- Architecture PLM.
- La coordination des transports.
- Du développement à la régression.
- Les passages à niveau.
- La métamorphose de la ligne.
- L?inauguration officielle.
Autres documents et sites...
- Entre Rhône et Ventoux, le rail. Editions du Cabri 1984.
- Cartes postales anciennes...
- La gare de Monteux...
- La gare de Carpentras...
- Rapport concertation publique réouverture Avignon-Carpentras.
- Les glacières du Ventoux.
- Les Sorgues du Comtat réouverture Avignon-Carpentras.
- Réouverture de la ligne Avignon-Carpentras L'enquête publique est sur les rails (Le Dauphiné)
- Réouverture de la ligne Avignon-Carpentras L'enquête publique est sur les rails Contribution association noster PACA
- Réouverture de la ligne Avignon-Carpentras L'enquête publique est sur les rails Contribution commune de Althen les Paluds
- Bulletin IHS n°18.
- Réouverture de la ligne Avignon-Carpentras L'enquête publique
- Le chantier de la ligne de Sorgues à Carpentras (Vol de rails).
- Le chantier de la ligne de Sorgues à Carpentras (Vol de rails).
- La pose de la première pierre de la ligne de Sorgues à Carpentras.
- Le chantier de la ligne démolitions à Carpentras.
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Les documents et photos illustrant cet article sont issus de la collection de l'auteur (photos Bézet, Roze, Capdeville, SNCF, vidéo Guifeme...).
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